Comprendre le trouble de l’attachement dans le contexte de la personnalité Borderline

Comprendre l’attachement et ses troubles

Les psychiatres reconnaissent le trouble de l’attachement comme un trouble complexe, ayant un impact profond sur le comportement et la personnalité à l’âge adulte. Comprendre lattachement et ses troublesBien qu’ils soient aptes à diagnostiquer ce trouble, leur approche se concentre souvent sur le traitement des symptômes associés plutôt que sur le problème sous-jacent. Une psychothérapie est alors recommandée pour une intervention plus ciblée sur les racines du trouble.

Manifestations adultes du trouble de l’attachement

Trouble de l'attachementLes psychiatres savent diagnostiquer un trouble de l’attachement mais pas le traiter. Ils traitent les symptômes qui lui sont reliés à l’âge adulte, mais quand à traiter le fond du problème, ils recommandent la psychothérapie.

Un tableau clinique des troubles de l’attachement à l’âge adulte se manifeste le plus souvent sous la forme des troubles des personnalités borderline caractérisé selon les psychiatres par un comportement provocateur, asocial, ou une malaise profond dans leur peau et leur vie.

Cependant, ce diagnostic peut devenir complexe lorsque la personne semble épanouie dans sa vie professionnelle et familiale et ne présente des troubles qu’en rapport avec des comportements compulsifs comme la boulimie ou l’hyperphagie.

Les critères diagnostiques de la personnalité borderline liée à un trouble de l’attachement

Le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5) définit précisément les critères de diagnostic de la personnalité borderline, exigeant qu’au moins cinq des neuf critères soient présents chez l’individu. Ces critères incluent des efforts désespérés pour éviter l’abandon, des relations interpersonnelles instables, une image de soi perturbée, de l’impulsivité dans des domaines qui peuvent s’avérer autodestructeurs, des comportements suicidaires, une instabilité émotionnelle, un sentiment chronique de vide, des colères inappropriées et des symptômes dissociatifs ou paranoïaques sous stress.

La perspective psychanalytique sur le trouble de la personnalité borderline due à un trouble de l’attachement 

La psychanalyse offre une approche différente du diagnostic de la personnalité borderline, en se concentrant davantage sur l’adaptation au patient plutôt que sur l’identification de symptômes spécifiques. Des figures emblématiques telles que Donald Winnicott ont pu identifier les besoins spécifiques de patients qui, en apparence, pourraient sembler ne pas présenter de trouble de la personnalité borderline.

C’est très difficile à détecter chez une personne qui paraît totalement accomplie dans sa vie personnelle. Ainsi, les Psychanalyste qui ont supervisé Margaret Little ne l’ont pas vu son trouble de l’attachement caché par une apparence tout à fait équilibrée au point que ses pairs psychanalystes lui ont formellement conseiller de se lancer dans cette activité?. Par contre, lorsqu’elle a eu la bonne idée de demander à Winnicott de faire une psychanalyse avec lui, il a très vite compris que cette personne avait un mental affectif du tout petit enfant qui souffre de n’avoir  pas trouvé de sentiment de sécurité.

Trouble de l’attachement : L’importance de l’attachement dans le développement psychologique

La théorie de l’attachement joue un rôle crucial dans la compréhension de la personnalité borderline selon la psychanalyse. Winnicott, en particulier, a mis en lumière l’importance d’une approche adaptée aux patients qui, bien qu’apparemment réussis dans leur vie personnelle, montrent des signes d’une affectivité comparable à celle d’un très jeune enfant. Cette affectivité peut se traduire par des comportements compulsifs, comme la boulimie, qui ne sont pas immédiatement associés à un trouble de la personnalité mais plutôt à un trouble de l’attachement non résolu.

La réflexion sur le trouble de l’attachement dans le contexte de la personnalité borderline souligne l’importance de considérer le patient dans son intégralité, au-delà des symptômes manifestes. Que ce soit à travers le prisme de la psychiatrie ou de la psychanalyse, une compréhension profonde des mécanismes sous-jacents à ces comportements peut ouvrir la voie à des interventions plus adaptées et personnelles

Trouble de l’attachement selon la psychanalyse

Contrairement aux psychiatres, les psychanalystes posent un diagnostic dans le but de s’adapter à la structure de la personne et non à son comportement  et s’ils sont bien formés, ils ne passent pas à côté du trouble de la personnalité borderline même lorsque la personne semble calme et réussit dans la vie, sur le plan familial, amoureux et professionnel.

Donald Winnicott, un psychanalyste hors du commun.

Je pense au psychanalyste Winnicott qui a tout de suite décelé chez une de ses patiente, Margaret Little, qu’elle n’était pas névrosée, comme la majorité des gens. A son époque, on n’avait pas vraiment décrit le trouble de la personnalité borderline mais il a tout de suite vu que cette femme avait besoin d’une approche particulière. Ce n’était pourtant pas facile à voir parce que cette femme avait été agrée par ses pairs comme psychanalystes. D’ailleurs elle avait fait une psychanalyse et tous ses collègues l’encourageaient à prendre des patients..
Mais elle sentait bien que quelque chose n’allait pas en elle et ce n’était apparemment pas détectables par ses superviseurs. Elle l’a écrit dans un article plus tard quand elle a rencontré Winnicott lors d’une conférence. Donald Winnicott était également pédiatre, et il savait voir chez certains de ses patients, même chez ceux qui avaient bien réussi dans la vie, que ces derniers n’était pas névrosés comme la majorité des gens. Il parvenait à détecter chez eux un profil affectif de tout petit enfant. 

La psychologie du petit enfant

Avant trois ans, un enfant est en pleine phase d’attachement, explorant activement son environnement tout en cherchant sécurité et confort auprès de ses figures d’attachement. Son développement psychologique est marqué par une rapide acquisition du langage, une compréhension naissante des émotions et des relations sociales, et un fort élan vers l’autonomie, tout en étant très centré sur lui-même, ce qui est typique de cette phase de développement.
Si, pour quelques raisons que ce soit, l’enfant n’a pas réussi à trouver sécurité et confort auprès de ses figures d’attachement, il n’aura pas une compréhension fine, les émotions et des relations sociales plus tard, et surtout, sur le plan affectif, il fonctionnera dans un registre où il se sentira seul avec lui-même parce que sa demande d’amour et de reconnaissance sans limite.

Attachement insécure et addictions influence

Comme par hasard, il se trouve que Margareth Little était probablement boulimique, mais en ce temps-là, la boulimie n’était pas repérée comme un symptôme particulier (d’ailleurs dans le passage qui suit Winnicott parle d’anorexie) et le trouble de la personnalité. borderline n’avait pas encore sa place dans le vocabulaire de la psychanalyse. Néanmoins, lors d’une de ses conférences qui a été retranscrite en 1963 dont le titre est «Théorie des troubles psychiatriques en fonction des processus de maturation de la petite enfance».

“…l’élément caractéristique de la séance de lundi… Fut que la jeune patiente arriva chargée de provisions d’épicerie. Elle avait découvert les boutiques situées près de mon cabinet de consultation et en était très contente.Cela constitue une évolution naturelle de son exploration progressive au sein de sa relation avec moi, dans le transfert, de ce qu’elle appelait sa gloutonnerie. Cette déclaration avait fait l’objet d’une longue préparation qui faisait jour dans les commentaires touchant anorexie, qui alterne avec une libinisation, très poussée d’un repas, vraiment bien préparé et bien servi”

Toujours dans cette même, conférence, Winnicott, signale qu’elle pouvait être excessivement gloutonne et il en déduit que son appétit comportait un élément compulsif. 

Mais surtout, Winnicott s’aperçut très vite qu’elle ne se comportait pas, comme les autres patients névrosés dans le transfert avec lui, C’est-à-dire dans sa manière d’être avec lui en psychanalyse. Si cette patiente avait été névrosée, Winnicott aurait interprété une forme de sadisme oral, ce qui fait souvent partie de l’évolution affective d’une personne névrosée. Dans sa conférence retranscrite, il dit:

« je fus heureux de ne pas avoir interprété le sadisme oral à ses premiers stades, car l’interprétation importante, qui pouvait maintenant être acceptée, était celle d’une gloutonnerie compulsive en rapport avec une tendance antisociale”.
 
Winnicott comprend qu’il ne s’agit pas entre sa patiente et lui d’une relation de type sadique orale (étape habituelle dans l’évolution psychique d’une personne de type névrotique pour les psychanalystes) mais que sa patiente n’est même pas dans un registre relationnel. Elle est très intelligente, elle peut parler de tout et de rien, elle a ses idées sur la manière dont les psychanalyse devrait se comporter avec certains patients mais à côté de cela elle était comme un bébé en perdition, voire, même en “désintégration” qui n’était capable que de communiquer sur des sujets intellectuels, mais dans la vie intime se limitait au besoin d’être nourri comme un bébé et de s’accrocher au sein de peur qu’il ne s’en aille.

Psychanalyse trouble de l’attachement et personnalité borderline

Loin de se comporter avec elle, comme avec ses autres patients, névrosés, Winnicott, très subtilement, adoptant une tactique adaptée pour cette patiente. En général, les personnes qui ont structure, borderline se sentent terriblement seules la raison, en est que du fait de leur immaturité affective, ils ne savent pas entrer en lien avec les autres, même pas avec le psychanalyste. Ils n’en ont pas vraiment conscience. pour eux, échanger intellectuellement, c’est du contact authentique parce qu’ils disent authentiquement ce qu’ils pensent. Mais penser n’est pas Etre.

Le contact de Personne à Personne, le contact vraiment nourricier qui permet de ne plus se sentir seul même quand on est entouré par les gens qu’on aime …

Lors d’une séance, le salon, allonge sur le divan se recouvre avec une couverture. prend une position de fœtus et ne parle pas de toute la séance. Winnicott, bien entendu, a laissé faire. la psychanalyse est un espace de très grande liberté ou l’analysant peut être totalement lui-même sans être interrompu par l’analyste. Un bon psychanalyste, c’est donc ce que Winnicott a fait à un détail près: la séance fut terminée. Il fit remarquer à sa patiente qu’elle s’était comportée, comme si elle était toute seule, en lui disant: « vous n’avez pas beaucoup tenu compte de moi pendant cette séance.» c’était suffisant pour qu’elle comprenne qu’elle ne tenait pas compte des autres.  dans la vie, comme sur ce divan, elle était tout le temps repliée sur elle-même.

C’est cela le drame des personnes boulimiques qui ont un trouble de l’attachement et, adulte, un  trouble de la personnalité borderline.

En apparence, ils sont brillants, ils savent parler de tout, ils abordent des choses très intelligentes et quand ils sont boulimiques ou hyperphagiques la psychiatrie ne traite chez eux que ces deux symptômes sans parvenir à remonter à la source qui est le trouble de l’attachement.

Je ne le savais pas, mais j’ai appris récemment que Freud avait une aversion pour ce type de personnes et que c’est la raison pour laquelle il ne s’est pas penché sur leur cas. Je me souviens que dans l’un de ses livres Freud parlait de certains patients pour qui la psychanalyse ne marchait pas, parce que, selon son expression, ces patients ne comprenaient que le “langage des quenelles et les queues des casseroles.». J’avais une vingtaine d’années quand j’ai lu ça, j’étais encore boulimique et je me suis demandée si ça voulait peut-être dire que la psy psychanalyse ne marchait pas avec les personnes boulimiques. 

Et je découvre récemment grâce à un article écrit par Jacques Sedat dans Cairn, que Freud ne se sentait pas l’aise qu’avec les névrosés et qu’il était agacé par les personnes psychotiques, non névrosées, dont l’immaturité affective les empêchait d’être dans un contact mature. Dans une lettre Freud met en lumière avec franchise de ses limites et même de ses réticences à faciliter le travail de ceux qui s’occupent des psychotiques, parce que lui-même est rebuté par ce qu’ils soulèvent de difficultés dans la thérapie. 

Dans une lettre en 1928 qu’il a écrite au Docteur Istvàn Hollos qui venait d’écrire un livre sur son expérience clinique avec des patients qui n’étaient pas névrosés, Freud avoua très honnêtement :

“Tout en appréciant infiniment votre ton chaleureux, votre compréhension et votre mode d’abord, je me trouvai pourtant dans une sorte d’opposition qui n’était pas facile à comprendre. Je dus finalement m’avouer que la raison en était que je n’aimais pas ces malades ; en effet, ils me mettent en colère, je m’irrite de les sentir si loin de moi et de tout ce qui est humain. Une intolérance surprenante, qui fait de moi plutôt un mauvais psychiatre.”

On ne classe plus les gens en termes de névrosés, psychotiques ou pervers aujourd’hui comme du temps de Freud, mais de son temps, tous ceux qui n’étaient pas dans une relation à l’autre apaisée, tous ceux qui croyaient tenir compte des autres sans vraiment les accepter avec des opinions différentes sont immatures relationnellement. Avant on disait psychotique. Maintenant o dir borderline ou “état limite”.
Si vous êtes boulimique ou hyperphagique boulimique et si, sans le savoir vous êtes borderline, rassurez-vous on peut en psychothérapie franchir les étapes qui n’ont pas plus être franchies à cause du trouble de l’attachement.

Par ailleurs, c’est très sympa de ne pas être comme la majorité des gens. Il suffit de corriger ses dysfonctionnements de personnalité. Ça fait partir la boulimie et quelques autres dysfonctionnements relationnels. Sachez pour finir que les plus grands artistes, savants, personnalités charismatiques sont généralement des personnalité borderline. C’est ce qui leur donne ce côté génial, créatifs, imprévisible et hors du commun. 
 

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