Après une licence de philosophie, je décide de faire un master de psychologie clinique. Puis, ne trouvant pas de travail en tant que psychologue, je tente des études de psychologie sociale dans le but d’avoir un métier. Si je ne pouvais pas trouver du travail en tant que psychologue clinicienne, j’avais peut-être une chance en tant que psychologue d’entreprise. Contre toute attente, la psychologie sociale m’a passionnée. C’est grâce à elle que j’ai découvert les groupes.
Le travail en groupe m’a fait prendre conscience que je ne suis pas moins bien que les autres. D’autant que je ressens une certaine fierté à oser m’exprimer avec authenticité malgré ma peur d’être jugée très négativement par les autres. Je me découvre courageuse.
En osant parler sans masque dans les groupes, j’observe qu’aller à la rencontre des autres me permet enfin de me sentir exister. À l’issue de cette expérience, je constate rapidement que mon obsession de la nourriture disparaît.
Ainsi, y avait-il un lien entre l’affirmation authentique de soi et l’arrêt de l’obsession de la nourriture ?
Au vu de mon expérience, cela me semblait probable. Et je décide de créer des groupes pour celles et ceux qui souffrent de boulimie, avec comme programme l’expression authentique de soi face aux autres. Je faisais l’hypothèse que pour eux, comme pour moi, il y avait un lien entre l’affirmation de soi et la disparition de l’addiction à la nourriture. La suite allait me montrer que cette hypothèse était juste.
Tout en continuant mes groupes centrés sur l’affirmation authentique de soi face à l’autre, tout en continuant à avoir de nombreux résultats sur l’arrêt de l’obsession de la nourriture pour les gens qui participaient à mes groupes, je restais moi-même avec, même si je n’avais plus de boulimies, un sentiment d’angoisse permanent. Je m’étais résolue à le garder toute ma vie. Mais je continuais le travail sur moi en groupe tout en continuant aussi à animer des groupes. Jusqu’à ce que je découvre l’hypnose ericksonienne et que je me forme à cette approche. La découverte de l’approche de Milton Erickson en complément de mes autres formations post-universitaires allait me permettre de me libérer de mon angoisse et changer ma manière d’animer les groupes. Je raconte les détails de mes découvertes dans « Les Toxicos de la Bouffe » et j’en parle aussi dans le menu de ce site : mes formations.
S’affirmer oui, mais sans agresser ni s’esquiver.
Avec l’affirmation de soi, l’obsession de la nourriture s’arrête rapidement et les dysfonctionnements alimentaires diminuent peu à peu pour disparaître. Quelle délivrance de ne plus être prisonnier(e) d’une addiction ! Les années passent et je constate que ce n’est pas parce qu’on est débarrassé de l’addiction alimentaire qu’on est enfin heureux. J’étais psy, je gagnais bien ma vie, je faisais un travail qui me passionnait, j’avais un enfant délicieux et facile à vivre, je louais un bel appartement où je faisais aussi mes groupes, mais mon plexus restait serré en permanence par l’angoisse, à côté de ma vie. Les gens me voyaient comme une originale et moi je me sentais toujours comme une extraterrestre. Je me retrouvais tout à fait dans les paroles de Camille Claudel adressées à Rodin : « Il y a toujours en moi quelque chose d’absent qui me tourmente ». Il en était de même pour les participants de mes groupes. Ils avaient acquis suffisamment de confiance en eux-mêmes pour ne plus être addicts à la nourriture, mais ils n’étaient eux non plus pas totalement délivrés d’un mal-être intérieur. Certains d’ailleurs revenaient dans les groupes, n’étant plus boulimiques ou hyperphagiques, pour tenter d’échapper à leur mal de vivre malgré l’absence de l’addiction alimentaire.
Ce que l’approche de Milton Erickson m’a apporté.
J’étais dans ma peau et non plus à côté, mes patients aussi, nous étions délivrés de l’obsession de la nourriture, mais eux comme moi n’étions pas vraiment encore bien dans notre peau ni tout à fait à l’aise parmi les autres. C’est là que j’ai compris que moi comme eux avions une structure de personnalité borderline et qu’il nous restait, à eux comme à moi, des troubles de la personnalité dont je pensais qu’ils étaient irréversibles : sentiment de honte, d’être bizarre, manque d’estime de soi, impression de déranger les gens. Et puis cette angoisse qui m’oppressait et me faisait physiquement mal.
En tant que psychologue, je continuais de me former à diverses pratiques psy et, bien qu’hostile à l’hypnose que Freud avait choisie d’abandonner, lors d’un congrès d’analyse transactionnelle, je vois un atelier animé par un pédiatre psychiatre vénézuélien intitulé : « l’hypnose sans hypnose ». Puisqu’il n’y avait pas d’hypnose, je pouvais raisonnablement y assister. D’autant que, comme il y en avait quand même, je me disais que l’hypnose allait peut-être me permettre d’explorer en moi des profondeurs que les autres approches n’avaient pas pu atteindre et me délivrer ainsi de mon trop-plein d’angoisse existentielle.
Ce fut le cas. L’hypnose de Milton Erickson m’a permis de changer totalement mon regard sur l’humain, elle m’a fait découvrir les nuances, la patience, le calme intérieur. À partir de là, j’animais mes groupes d’une façon très différente, confrontante, mais en douceur. J’avais compris les bienfaits de prendre en compte mon propre rythme, le rythme des autres et, sans chercher à me comprendre ni à comprendre mes patients, je connaissais désormais la posture pour ne plus être torturée par l’angoisse. Je parle en détail de mon parcours dans « Les Toxicos de la Bouffe » et aussi sur ce site, rubrique « mon parcours », où j’explique ce que concrètement Milton Erickson m’a apporté.
Aujourd’hui, je propose aux gens d’être authentiques, mais en même temps d’être attentifs à la forme de leur communication avec les autres. Ce qui compte, ce n’est pas le contenu de ce qu’on dit, ce n’est pas de se comprendre, mais de respecter le rythme et la particularité de chacun, la sienne comme celle des autres, sans juger. Cela nécessite de continuer les groupes, même quand on n’est plus boulimique, pour s’entraîner à communiquer avec authenticité, sans se juger, sans juger les autres non plus. Ça prend du temps, mais quand on y parvient, en plus de l’affirmation de soi, on acquiert de l’estime de soi, ce qui rend la vie beaucoup plus facile à vivre et… sans angoisse !