Libéré d’une addiction chronique au haschich: ce qu’un témoignage nous apprend

Ci-joint le témoignage inspirant  d’un homme (que nous avons nommé DA)  qui a réussi à se débarrasser d’une addiction chronique au haschich. 

(Transcription de la vidéo en bas de page)

Libéré d’une addiction chronique au Haschich

L’homme qui témoigne dans ce podcast que nous allons prénommer David-Alexandre, n’a pas une addiction à la nourriture mais une addiction sévère au haschich. Il a réussi à s’en libérer non pas par la volonté, mais par une remise en question de sa manière d’être et de penser qui lui a permis d’être dans un rapport à l’autre différent, nourricier.

Il participait au groupe de thérapie en tant que stagiaire en psychologie

Au départ, il ne venait pas pour faire une psychothérapie de groupe mais en tant que stagiaire. Je m’arrange parfois pour accepter des stagiaires lorsque je perçois chez eux une aptitude à l’authenticité dans la communication et un véritable intérêt pour la psychologie. Je sais aussi que l’expérience en groupe enrichira considérablement leur pratique une fois qu’ils auront obtenu leur diplôme de psychologue. En effet, les groupes offrent des opportunités d’acquérir des compétences interrelationnelles que les études de psychologie traditionnelles ne permettent pas de développer. Cette conviction découle de ma propre expérience, car après avoir terminé mes études en psychologie, j’ai dû suivre de nombreux stages en groupe pour cultiver des ressources personnelles qui me permettent aujourd’hui de vivre des relations authentiques et harmonieuses.

Les limites de la psychologie traditionnelle

Aujourd’hui, je suis convaincue que la psychologie seule ne suffit pas à aider les individus à se libérer de tous leurs symptômes. Après une psychothérapie, il est fréquent que les gens demeurent enfermés dans leurs convictions, incapables d’accéder à une véritable liberté intérieure. Ils ont du mal à communiquer sans recourir à l’agression, à l’humiliation ou à la soumission. Ils s’imposent de nombreuses contraintes et, même s’ils ont réussi à se libérer de certains symptômes handicapants, ils n’obtiennent pas, dans le cadre des approches psychothérapeutiques actuelles, les changements nécessaires pour accéder à ce que les bouddhistes, les philosophes et même la neuroscience appellent “une liberté intérieure” obtenue non seulement par l’affirmation de soi, mais par une véritable ouverture à la vie et aux autres. Pour y parvenir, il faut se débarrasser de ses pensées même lorsqu’elles sont en accord avec la majorité des gens, ainsi que des freins qui entravent les élans spontanés. Comme le disait le psychanalyste François Roustang, quand on n’a pas une posture corporelle confortable, on finit par développer des douleurs. Il en va de même pour la vie psychologique : lorsque nous réprimons nos pulsions et nos élans, nous les exprimons par des symptômes qui figent notre existence, et parfois même celle des autres.

Il ne suffit pas de s’affirmer, la forme a de l’importance

Cependant, les pulsions et les élans, s’ils doivent absolument s’exprimer, ne peuvent le faire n’importe comment. C’est là que la philosophie devient nécessaire, tout comme l’apprentissage d’une communication non-violente. Une communication authentique ne peut se faire en perturbant notre entourage par l’agressivité, la manipulation ou les non-dits. Il est essentiel d’apprendre à donner une forme adéquate à nos pensées, à adoucir notre discours lorsque nous devons nous affirmer, afin que les autres puissent être frustrés sans être blessés ou humiliés.

Vers une communication authentique

Pour parvenir à cette communication flexible et agréable, la philosophie offre des bases existentielles et des évidences qui existent depuis la nuit des temps. Depuis les philosophes présocratiques jusqu’à Socrate, qui cherchait non pas la connaissance, mais la déstabilisation selon François Roustang et d’autres historiens de la philosophie. Socrate nous enseignait que nous ne pouvons jamais vraiment connaître la vérité car chaque élément est interconnecté avec tant d’autres qu’il reste inaccessible. Ainsi, lorsque nous croyons savoir, nous ne savons pas, et nous ne pouvons prétendre le savoir un jour. François Roustang disait “je me trompe tout le temps”, et Boris Cyrulnik affirmait “je ne suis sûr que d’une chose, c’est que je ne sais rien”. Malgré leurs domaines d’expertise différents, ces penseurs partagent une culture et un talent de communication exceptionnels.

Au delà ce que l’on croit savoir.

Si nous voulons faire de la psychothérapie, François Roustang nous disait qu’il ne fallait pas seulement écouter les gens raconter leur vie. Cela ne mène nulle part, car nous ne pouvons pas réellement comprendre ce qui s’est passé. Au lieu de cela, nous devons enseigner aux personnes que personne ne comprend rien, que la VÉRITÉ n’existe pas, tout comme la JUSTICE. Le monde est ce qu’il est, nous sommes ce que nous sommes, et nous n’avons pas à en avoir honte. Notre responsabilité réside dans le fait de veiller à ne pas blesser délibérément les autres et de présenter des excuses si nous les avons blessés involontairement.

La quête de la serénité

Cette philosophie permet de ne plus être malheureux, de vivre sans symptômes et d’accéder à des moments de joie. Le bonheur, selon un philosophe, est “la grâce d’avoir de temps en temps des bulles de joie”. Même en l’absence de joie, le bonheur consiste à ne pas sombrer, même dans les moments les plus difficiles de la vie. L’estime de soi indique que nous nous sentons pleinement dans la vie parmi les autres, dotés d’une flexibilité mentale qui nous empêche de nous effondrer.

Apprentissage d’une authenticité sans conflits

Revenons maintenant à l’histoire de notre stagiaire en psychologie, qui avait déjà suivi une psychanalyse pendant huit ans et utilisait la marijuana pour se protéger de ses émotions et de ses relations avec les autres. Participer à des groupes de psychothérapie lui a permis d’acquérir une base philosophique plus réaliste et de mettre en pratique cette philosophie dans ses interactions avec les autres membres du groupe. Il a appris à être lui-même tout en évitant de s’engager dans des conflits destructeurs. Plutôt que de se heurter à des désaccords, ils ont appris à éviter l’agression, la haine et l’évitement.

La liberté au prix de certaines difficultés

À la suite de son travail en groupe, il a fait des rencontres, même si elles n’étaient pas nécessairement celles auxquelles il s’attendait. Les femmes ne se sont pas précipitées vers lui, mais il a tout de même réussi à établir des connexions. Pour lui, c’était une révélation : il a accepté l’angoisse, car elle ne l’isolait plus des autres. Il a découvert que la rencontre avec les autres était si délicieuse et agréable qu’elle valait la peine d’accepter la vie telle qu’elle est, avec ses difficultés et ses frustrations.

En somme, la psychothérapie de groupe, associée à une base philosophique solide, a permis à David-Alexandre de transformer sa vie et de s’épanouir pleinement dans ses relations et dans sa propre estime. La philosophie et l’authenticité dans la communication sont devenues des outils essentiels pour sa croissance personnelle.

Transcription de la vidéo

« DA : « Je me rappelle comment je pouvais détendu en fumant mon joint. Ça me manque presque. Et pourtant je crache dessus. Tu vois, d’être détendu, je crache dessus, d’être heureux parce que je suis en contact avec les gens, parce que je suis dans la réalité. Parce que je suis moi-même, parce que je m’exprime honnêtement, parce que je suis moi. Euh. Et c’est une autre sensation. C’est un mal être permanent. Mais. Mais ce mal être, je l’embrasse, tu vois, je l’embrasse parce que c’est a un rapport avec la vie et c’est une souffrance. Mais quand je regarde dans les yeux des gens, je les ai, je je suis avec eux. Euh. C’est très bizarre. C’est très bizarre. Alors peut être que je ne retrouverai jamais mon bonheur et mon bien être. Et c’est dans la thérapie que c’est venu ça. C’est à dire ? J’ai une prise de conscience, je me suis dit mais putain de merde, c’est normal d’être malheureux. Aussi. Euh. Mais c’est aussi incroyable d’être en contact avec les gens. Qu’est-ce qu’il y a d’autre ? Quoi ? Et maintenant que je suis en contact avec les gens, ben je sais que j’ai toujours de la bouffe dans mon placard. Tu vois, je peux aller en chercher puis me détendre et je dis mais demain je vais me réveiller et les gens, je ne vais plus les voir. Et puis quand je vais parler, je vais me marrer tout le temps et puis ils vont plus me voir non plus, tu vois. Alors je ne sais pas ce que je ferais avec ça. Ça fait que trois jours que j’ai arrêté les clopes et j’ai même. J’ai l’impression que je vais frapper tout le monde entre guillemets. Et en même temps je me dis mais. Mais voilà, voilà. Et et je suis en mal être. Mais j’arrive à dormir en fait. Tu vois, quand je me couche, je dors. J’ai eu des moments où je faisais des insomnies et je me levais à 4 h du matin. Puis je travaillais et je faisais le ménage. Et j’embrasse ça. CH : Je sais plus quel philosophe a dit que la la souffrance existentielle c’est le prix de la liberté ; Peut-être. En tout cas, le vis à vis des addictions, on peut essayer ce qu’on veut. C’est la psychothérapie qui fait quelque chose. Et ça prend le temps que ça prend parce que moi j’ai pas cherché à ça, je me suis pas dit bon maintenant ma vie c’est de la merde, il faut que j’arrête. Et je ne sais pas pourquoi, au groupe précédent, j’ai parlé, j’ai dit que ma vie elle était nulle, que j’étais malheureux, que machin… je sais pas vraiment ce que j’en ai retiré. À un moment Catherine m’a dit « oui mais en fin de compte, c’est normal de trouver la vie malheureuse ». Et effectivement… Ça je ne sais pas, il y a eu un déclic. Mais. Mais j’ai pas choisi. Simplement je me dis : « mais mais merde, être en contact avec les gens, je le veux ça! » Je préfère cette souffrance. Le bien-être c’est sympa, mais jusqu’où je vais comme ça? Je ne vais pas construire ma vie, je vais attendre que quelque chose m’arrive… CH :Et qu’est-ce que ça t’apporte concrètement ? Alors quand tu dis « je rencontre les gens ». Tu peux donner des exemples. Parce que moi, je me souviens qu’effectivement, quand quand on te parlait, tu étais assez statique, tu ne répondais pas, tu souriais, tu étais figé, tu avais l’air pas présent. Et ça, toute ta vie, ça a été comme ça depuis l’âge de 20 ans ? DA : Ouais. C’est vrai que j’ai toujours parlé trop gentiment aux gens, pour cacher, pour cacher sans doute mon agressivité, je suis pas moi-même. Les gens ne me trouvent pas séduisant. Et puis je le sais moi-même. Et j’ai jamais fait rien pour faire autrement. Parce que c’était plus confortable pour moi de fumer. Mais à un moment, je ne sais pas si c’est dans les groupes, les gens m’ont dit mais là là là c’est sympa comme tu parles, là je t’aime bien comme ça. Encore Zoé Il y a deux jours, je parlais avec elle dans la rue, elle me dit : T’es sexy comme ça ! ». Et puis moi je me disais merde ! J’avais l’impression d’être agressif. Et. Et puis j’ai pas forcément ce que je voulais. C’est à dire ben non, je n’ai pas ce que je veux, je ne suis pas plus séduisant pour autant. J’ai pas les filles qui tombent dans mon lit. Ma vie est toujours hyper compliquée professionnellement parlant. Et j’ais payer pour eux pour me faire opérer des dents. Je ne sais pas comment… puis je touche le chômage dans un mois, je suis dans une merde complète. Et euh. Et néanmoins, j’ai pas envie de m’apaiser. Parce que je ne sais pas, ça bouge. Moi je dirais que c’est la psychothérapie qui m’a fait bouger. Et. Je ne sais pas je… CH Le fait d’être partie en Amérique aussi, où tu n’as pas pu fumer de hasch là-bas. Tu y es allé quatre jours… DA : C’était le starter, c’est à dire là-bas. J’étais obligé de pas fumer parce que j’avais un procès à donner et je ne voulais pas arriver un peu bizarre au procès. Donc ça a été ma motivation d’arrêter trois quatre jours. Mais après je me suis rendu compte que quand j’arrêtais, que d’une part je pouvais quand même dormir avec ce mal être, que je pouvais vivre avec ce mal être. Et puis comme j’étais en mal être, les gens commençaient à me dire : « mais t’as de l’humour !, T’es vachement drôle en ce moment, et puis t’as de la répartie.» Et puis au fil des jours, je me suis rendu compte que ben j’avais ma cognition qui revenait, c’est à dire que je devenais intelligent, Je commençais à mémoriser ce que je ce que je lisais. Je commençais à… Maintenant, je dors 6 h et demi par nuit alors qu’avant je dormais 10 h. Tous les cours que je lis (j’ai lu, j’ai lu mes cours de Master 1 qui sont vachement denses. J’ai pratiquement lu la moitié des cours en un mois et demi. Alors que normalement, l’année précédente, il m’a fallu trois ans pour lire ma M3. Tu vois donc, il y a des trucs qui viennent en même temps au niveau de la cognition, qui sont intéressants aussi. Et peut-être que c’est parce que ma cognition est revenue que quand il y avait le groupe de thérapie, j’ai vu des choses que je voyais pas. Maintenant, quand je vais voir mon psy, ça fait trois fois, je ressens en comprenant ce qu’il me dit, ce qu’il me dit à la fin. Alors qu’avant je me disais mais il dit des conneries. Mais maintenant j’ai les aptitudes mentales. Alors c’est peut-être ça aussi le problème avec la drogue, c’est que ça touche nos aptitudes mentales et nos cognitions. Et quand même, avec la psychothérapie, c’est avec son intelligence qu’on capte les choses. Moi par exemple, je me vois avec du recul maintenant, alors qu’avant je ne me voyais pas avec du recul. Je ne voyais pas que j’étais une personnalité, que j’évitais les gens. Que je me trouvais nul. Je ne comprenais pas que je me trouvais nul et que c’était hyper narcissique de ma part parce que j’étais centré sur moi et pas sur les autres. Voilà, je pense que c’est ça aussi. Et j’arrête la clope aussi pour ça, pour… en me disant que ça affecte ma tête ! Et puis qu’est ce que je vais y trouver au bout de ça ? Qu’est-ce que je vais y trouver si j’arrête une addiction ? Qu’est-ce que je vais y trouver dans la qualité de ma vie ? Ça m’intéresse. Mais c’est pas du bien-être ! Alors ce que je vous dis ce que tu dis c’est très intéressant… Mais ça ne peut pas marcher pour la boulimie : on peut pas arrêter la boulimie… Je pense pas que c’est la volonté et je pense exactement comme toi je pense que la drogue, effectivement, c’est une prothèse… l’addiction c’est une prothèse nécessaire pour une personnalité qui est pas construite et qui sans ça se casserait la gueule. Mais à un moment il y a un basculement. À un moment on trouve suffisamment de ressources en soi pour se dire : « Ben oui effectivement, la prothèse je peux la laisser parce que maintenant j’ai de l’estime, je commence à être construit. Mais c’est dans les groupes qu’on le trouve. Pour moi c’est ça. Je l’ai pas trouvé ailleurs. Pour moi cette psychothérapie, elle est pour tout le monde. Enfin « tout le monde » entre guillemets, c’est-à-dire il y a des gens qui sont trop à la masse parce qu’ils sont en dépression sévère et puis il vaut mieux qu’ils prennent les médicaments et cetera… Et il y a des gens qui sont trop fragiles, parce qu’ils sont en crise de schizophrénie ou je sais pas quoi. Mais d’une manière générale cette psychothérapie pour énormément de pathologies, elle est nécessaire. Elle est utile. Et moi je pense qu(une psychothérapie c’est efficace quand t’as un bon psychothérapeute. Voilà. je pense que la psychothérapie c’est pas une science, et et et donc en ça c’est plus proche effectivement de la philosophie… »

2 Commentaires sur “Libéré d’une addiction chronique au haschich: ce qu’un témoignage nous apprend

  1. Elsa RM says:

    Ce témoignage incroyable a fait mouche chez un proche ami, il a dit: ça me parle, ça parle à la part de moi la plus accroc, je connais vraiment cet état qu’il décrit.
    C’est la première fois que je l’entends dire ça, et en parler autour de lui. Merci pour ce partage authentique et extraordinaire, qui n’a pas fini de rayonner…

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