La différence entre les différents TCA boulimie, anorexie et hyperphagie boulimique n’est pas toujours évidente. Mais d’abord définissons ce que sont les TCA (Troubles du comportement alimentaire).

TCA : Définition

Les TCA (Troubles du comportement alimentaire) regroupent aussi bien les troubles du comportement d’origine organique que ceux d’origine psychologique. Il est important de connaître la nature de chaque TCA avant de choisir un traitement pour celui-ci.

« Les troubles des conduites alimentaires (TCA) concernent près d’un million de personnes en France, mais tous ne sont pas une addiction alimentaire chronique et durable. »

Anorexie ou boulimie vomitive ? 

Du point de vue médical :

La boulimie est un trouble alimentaire caractérisé par des épisodes récurrents de consommation excessive de nourriture, accompagnés d’une perte de contrôle.

L’anorexie quant à elle est marquée par une perte de poids excessive, une peur intense de prendre du poids et une image corporelle déformée, conduisant à une restriction alimentaire sévère.

Du point de vue psychologique :

Lorsqu’il s’agit d’anorexie pure et dure, avec une perte de poids qui met en danger le processus vital, la personne doit d’abord être traitée par la médecine. Mais l’anorexie pure et dure peut très bien par la suite se transformer en boulimie. Soit ce sera une boulimie hyperphagique et elle prendra du poids, soit ce sera une boulimie vomitive et elle peut rester mince, comme elle peut aussi rester dans une maigreur toujours limite.

« Attention, on peut être une boulimique très maigre, sans être anorexique pour autant… »

Si la personne reste très maigre, parce qu’elle se fait vomir, d’un point de vue psychologique elle est boulimique avec toutes les caractéristiques psychologiques de la personne qui a une addiction boulimique (honte, complexe d’infériorité, sentiment d’imposteur) même si elle réussit brillamment sa vie professionnelle et sociale.

Quoiqu’en dise la plupart des spécialistes des TCA, l’anorexique pure et dure n’a pas le même profil psychologique que la personne boulimique même si cette dernière est aussi maigre qu’une anorexique. D’un point de vue psychologique, la personne anorexique n’a pas de complexe d’infériorité, elle n’est pas en demande d’aide, tant qu’elle garde le contrôle.

TCA : Comment s’y retrouver ?

« La différence entre la boulimie et l’anorexie n’est pas visible sur le comportement ni dans la forme du corps mais dans le discours. »

Caroline Eliacheff – Psychanalyste               

C’est très important, car du point de vue psychologique, la personne qui est anorexique pure et dure est très difficile à aborder en psychothérapie dans la mesure où elle ne souhaite généralement pas en faire une ; le plus souvent, la demande vient des parents ou des proches. De ce fait, dans la mesure où elle n’est généralement pas en demande d’aide, la psychothérapie ne peut être que familiale sur la demande des proches.

En revanche, quand une personne boulimique vomisseuse est maigre comme une anorexique, tôt ou tard elle est en demande d’aide, elle manque de confiance en elle, elle se sent en décalage avec les autres et avec elle-même, dans un inconfort qui lui est très douloureux même s’il ne se voit pas.

Les boulimiques qui sont minces ou maigres, préfèrent passer pour des anorexiques parce que le mot “boulimie” n’est pas très flatteur. Vous pourrez remarquer que toutes les stars très minces se disent anorexiques alors qu’on découvre finalement qu’elles étaient boulimiques. Mais il est nécessaire que le psychologue puisse faire la différence car l’approche thérapeutique ne sera pas la même selon l’un ou l’autre cas.

« Qu’il s’agisse de boulimie vomitive, de boulimie hyperphagique, ou de boulimie anorexique, quand l’addiction est chronique et durable, du point de vue psychologique c’est un trouble de l’identité.« 

Comment traiter un TCA ?

Lorsqu’il est d’origine organique, le TCA peut se traiter rapidement par la médecine. De même que lorsqu’il vient à la suite d’un événement difficile de la vie quotidienne, chez une personnalité qui est équilibrée psychologiquement, la psychothérapie de soutien pourra être suffisante.

Par contre, lorsque le TCA est ce qui apaise un trouble précoce de l’attachement lié aux mille premiers jours de la vie, il est relié à un trouble de l’identité, et les traitement principal sera une psychothérapie humaniste. C’est cette psychothérapie qui est proposé préférentiellement aux toxicomanes sous la forme d’une psychothérapie de groupe.

La psychothérapie de groupe traite les troubles de la personnalité et les troubles relationnels affectifs. Cette approche permettra de trouver enfin un équilibre identitaire suffisant pour ne plus avoir besoin d’un TCA pour s’apaiser. 

LA JOURNÉE D’UN(E) BOULIMIQUE

J’ai co-créé le scénario de cette animation avec Eric Sebbag pour montrer que la boulimie anorexie est une obsession qui démarre le matin et ne s’arrête qu’avec le sommeil. Les gens me citent souvent cette animation. Elle leur parle beaucoup et ils s’y reconnaissent en elle.

Le Centre Catherine Hervais se distingue par son approche psychologique de l’addiction alimentaire, traitant la boulimie, l’anorexie et l’hyperphagie comme des moyens d’apaiser des troubles émotionnels et identitaires (quand leur cause n’est pas organique).

Le problème est abordé au travers d’un travail visant à l’acquisition de l’estime de soi. Il semble en effet qu’il y ait un lien profond entre ces troubles et un manque d’estime de soi. Celui-ci génère des difficultés émotionnelles profondes, ainsi qu’un sentiment très angoissant de décalage avec les autres. Ce qui est d’autant plus déroutant que le trouble s’accompagne la plupart du temps d’une réussite sociale enviable. 

L’approche est diversifiée et flexible a travers de groupes de psychothérapie réalisés en Visio-conférence. Elle inclut entre les groupes une liberté de contact par téléphone lors de la rencontre de difficultés ponctuelles, particulièrement relationnelles. L’approche permet un soutien personnalisé et adapté à chaque individu. Ces groupes favorisent le partage d’expériences dans un cadre sécurisé et une authenticité de contact.

Cette approche habituellement utilisée avec les personnes souffrant d’addiction à des substances a fait ses preuves avec les TCA, permettant de s’attaquer aux racines du problème et mettant les personnes en situation d’acquérir leur estime de soi et de développer de nouvelles stratégies pour faire face à leurs émotions.

En se concentrant sur l’aspect émotionnel et psychologique, le centre Cathérine Hervais ouvre la voie pour les personnes souffrant de TCA à une une guérison complète et durable, la boulimie s’en allant d’elle-même. 

Difficile de les différencier au premier regard. Les deux peuvent se ressembler du point de vue comportemental. Aussi bien sur le plan des dysfonctionnements alimentaires que sur le plan d’une fragilité identitaire. Elles peuvent se différencier néanmoins sur deux points :

  • Celle qui est passagère, comme son nom l’indique ne durera pas, même si les cries de boulimie sont violentes, même s’il y a des vomissements volontaires pour ne pas grossir, même si le comportement hyperphagique est gargantuesque.
  • Celle qui ne sera pas passagère peut être identifiée à certains traits différents de personnalité. Lorsque la boulimie est passagère, la personnalité est fragile mais équilibrée avec de bonnes bases identitaires. Elle est perdue mais ce n’est pas la fin du monde. Elle n’a pas tendance à se dévaloriser autant que la personne dont la boulimie est le seul moyen pour s’accrocher à la vie.

Mais du point de vue comportemental, la boulimie passagère et l’addiction sévère se ressemblent :

On essaye de se contrôler pour ne plus avoir de boulimies et on s’aperçoit qu’on ne tient pas longtemps. Au bout d’un certain temps, on craque et les boulimies reviennent au même rythme et avec les mêmes quantités. Dans les deux formes de boulimie, la passagère et l’addiction sévère, on est obsédé par la nourriture et si la boulimie est plus forte que la volonté c’est parce qu’on ne guérit pas d’une obsession par l’abstinence.

Comprendre ce qu’est la boulimie, c’est déjà accomplir la moitié du chemin.

Sur le plan du comportement alimentaire, il y a trois cas de figure:

  • la personne qui se fait vomir
  • celle qui ne se fait pas vomir
  • celle qui réussit à se contrôler presque tout le temps voire tout le temps.

Dans le monde médical, on a souvent tendance à diagnostiquer les personnes qui ne se font pas vomir non pas comme des boulimiques mais comme des hyperphagiques. Tout comme on a tendance également à ne plus diagnostiquer comme boulimiques les personnes qui réussissent à se contrôler.

Chez le centre Catherine Hervais, nous préférons le voir autrement et définir la boulimie par rapport à l’obsession de la nourriture. Quand on est obsédée par la nourriture du matin au soir, qu’on vomisse ou qu’on ne vomisse pas, qu’on contrôle ses crises ou pas, ou même qu’on ne fasse pas de crise du tout, on est boulimique anorexique.

Pour guérir de l’obsession et des comportements liés à cette obsession il faut comprendre d’où vient le problème et surtout, comment on l’entretient. Dans le cas de la boulimie, comme très souvent aussi dans le cas de l’alcoolisme et de la toxicomanie, l’obsession vient d’un problème de personnalité.

En réalité, on peut faire un régime, se faire vomir, perdre beaucoup de poids sans que ce soit de l’anorexie. On peut aussi manger par périodes, beaucoup trop sans que ce soit de la boulimie. 

De la jolie jeune fille à qui tout semble sourire à la femme de cinquante ans, brillante chef d’entreprise, en passant souvent même par des célébrités qui semblent flirter avec les étoiles, jusqu’à celles qui se négligent et ne peuvent plus aller à l’école ou au travail, les personnes boulimiques peuvent être très différentes les unes des autres. Mais on observe des caractéristiques communes : une intelligence et une créativité souvent au dessus de la moyenne et une tendance aux humeurs extrêmes qui peuvent ne pas se manifester lorsque la boulimie est suffisante pour les refouler.

Mais qu’elles soient extraverties ou pas, elles ont des schémas mentaux communs, ne serait-ce que l’obsession de la nourriture qui ne les lâche jamais et l’impression de regarder défiler leur vie sans être vraiment dedans. L’intelligence et la créativité sont souvent au dessus de la moyenne mais les humeurs et les émotions basculeraient dans les extrêmes en très peu de temps si la boulimie n’était pas là pour calmer le jeu.

Quel est cet enfermement mental, cette contrainte qui pousse à manger, à organiser toute leur vie, autour de la nourriture et de la peur de grossir ?
 
Même si chaque être humain est unique, avec une histoire et des caractéristiques qui lui sont propres, je rencontre assez souvent des schémas psychologiques et relationnels communs qui se manifestent dans la vie relationnelle affective sous trois formes différentes : l’évitement, l’agressivité, le besoin pathologique de la présence de l’autre.

Quant aux types de personnalité, les deux plus fréquents sont quasi opposés : certaines personnes sont totalement extraverties tandis que d’autres sont étonnamment réservées.

A – Les personnes qui ne parviennent pas à s’affirmer parce qu’elles ont trop peur du rejet de l’autre

Elles sont effacées, n’osent pas s’exprimer, ont la crainte d’être abandonnées.

Sur le plan émotionnel, elles sont capables d’éprouver de la colère, mais le plus souvent sans la montrer directement.

Quand elles ont envie de quelque chose elles s’en privent en se disant « il (ou elle) ne comprendrait pas », « ça pourrait le blesser », « je ne veux pas lui faire du mal ». De ce fait, dans leur vie quotidienne, elles boudent beaucoup quand les choses ne tournent pas dans le sens qu’elles souhaitent.

Dans les groupes ces personnes parlent peu, restent souvent en retrait. L’objectif pour elles tout au long de la thérapie sera d’acquérir de l’estime d’elles-mêmes et de réussir à formuler avec authenticité, sans crainte et avec aisance, ce qu’elles auront besoin d’exprimer.

B – Les personnes qui semblent n’avoir peur de rien et s’expriment sans réserve.

A la différence des précédentes, celles-ci s’affirment brutalement, tout au moins en apparence. Dans les groupes, certaines font l’admiration des autres par leur courage et leur authenticité. Mais parfois, sous l’apparence de l’authenticité se cache de l’intellectualisation, de la contestation systématique, de la rancœur quand les choses ne tournent pas comme elles le souhaitent.

Dans leur vie quotidienne elles sont capables de détruire en cinq minutes une relation affective (mariage, famille) qui durait depuis des années. Elles sont aussi capables de s’enflammer en une demi seconde pour quelqu’un et de s’auto-détruire quand il se détourne. A leur sujet les psychiatres ne parlent pas d’état dépressif mais de « dépressivité ». Elles basculent souvent dans l’ennui qui est pour elles une sensation insupportable, à la limite de la dislocation, de la suffocation.

Ces deux types de personnalités s’apportent beaucoup l’une l’autre dans un groupe de thérapie. Les personnes réservées profitent du climat émotionnel intense créé par les personnes extraverties qui ont tendance à monter dans les extrêmes, et inversement, celles qui ne connaissent que la brutalité et la violence des sentiments trouvent dans celles qui restent en retrait et et qui ont une vraie douceur un modèle de sensualité.

Catherine Hervais, Psychologue TCA à Paris

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