Qu’est-ce que la boulimie ?

Est-ce que quand on mange trop on fait de la boulimie ? Quand on ne se fait pas vomir est-ce quand même de la boulimie ? L’hyperphagie est-elle aussi de la boulimie ?

Ce sont des questions que beaucoup de gens se posent. Les médecins et les psychiatres ont tendance à définir la boulimie en fonction du comportement alimentaire et des émotions qui le sous-tendent tandis que les psychologues de formation psychanalytique ont plutôt tendance à cibler un trouble de la personnalité. Selon eux, l’addiction alimentaire est juste le tranquillisant d’une personnalité qui n’a pas réussi à se construire des bases identitaires.

Tentons  d’y voir plus clair et de voir quel type de boulimie relève du comportement alimentaire associé à une incapacité à gérer les émotions, et quel type de boulimie relève d’un trouble de la personnalité dû à un problème d’identité. Selon que vous appartenez à l’un ou l’autre cas la psychothérapie s’orientera différemment. 

LA JOURNÉE D’UN(E) BOULIMIQUE

J’ai co-créé le scénario de cette animation avec Eric Sebbag pour montrer que la boulimie anorexie est une obsession qui démarre le matin et ne s’arrête qu’avec le sommeil. Les gens me citent souvent cette animation. Elle leur parle beaucoup et ils s’y reconnaissent en elle.

Difficile de les différencier au premier regard. Les deux peuvent se ressembler du point de vue comportemental. Aussi bien sur le plan des dysfonctionnements alimentaires que sur le plan d’une fragilité identitaire. Elles peuvent se différencier néanmoins sur deux points :

Celle qui est passagère, comme son nom l’indique ne durera pas, même si les cries de boulimie sont violentes, même s’il y a des vomissements volontaires pour ne pas grossir, même si le comportement hyperphagique est gargantuesque.
Celle qui ne sera pas passagère peut être identifiée à certains traits différents de personnalité. Lorsque la boulimie est passagère, la personnalité est fragile mais équilibrée avec de bonnes bases identitaires. Elle est perdue mais ce n’est pas la fin du monde. Elle n’a pas tendance à se dévaloriser autant que la personne dont la boulimie est le seul moyen pour s’accrocher à la vie.
Mais du point de vue comportemental, la boulimie passagère et l’addiction sévère se ressemblent:

On essaye de se contrôler pour ne plus avoir de boulimies et on s’aperçoit qu’on ne tient pas longtemps. Au bout d’un certain temps, on craque et les boulimies reviennent au même rythme et avec les mêmes quanlités. Dans les deux formes de boulimie, la passagère et l’addiction sévère, on est obsédé par la nourriture et si la boulimie est plus forte que la volonté c’est parce qu’on ne guérit pas d’une obsession par l’abstinence.

Comprendre ce qu’est la boulimie, c’est déjà accomplir la moitié du chemin.

Sur le plan du comportement alimentaire, il y a trois cas de figure:

– la personne qui se fait vomir

– celle qui ne se fait pas vomir

– celle qui réussit à se contrôler presque tout le temps voire tout le temps (témoignage de Stéphanie)

Dans le monde médical on a souvent tendance à diagnostiquer les personnes qui ne se font pas vomir non pas comme des boulimiques mais comme des hyperphages. Tout comme on a tendance également à ne plus diagnostiquer comme boulimiques les personnes qui réussissent à se contrôler.

En réalité, dans boulimie.fr nous préférons le voir autrement et définir la boulimie par rapport à l’obsession de la nourriture. Quand on est obsédée par la nourriture du matin au soir, qu’on vomisse ou qu’on ne vomisse pas, qu’on contrôle ses crises ou pas ou même qu’on ne fasse pas de crise du tout, on est boulimique anorexique.

Pour guérir de l’obsession et des comportements liés à cette obsession il faut comprendre d’où vient le problème et surtout, comment on l’entretient. Dans le cas de la boulimie, comme très souvent aussi dans le cas de l’alcoolisme et de la toxicomanie, l’obsession vient d’un problème de personnalité.

En réalité On peut faire un régime, se faire vomir, perdre beaucoup de poids sans que ce soit de l’anorexie. On peut aussi manger par périodes beaucoup trop sans que ce soit de la boulimie. A quoi reconnaît-on une addiction alimentaire sévère ?

De la jolie jeune fille à qui tout semble sourire à la femme de cinquante ans, brillante chef d’entreprise, en passant souvent même par des célébrités qui semblent flirter avec les étoiles, jusqu’à celles qui se négligent et ne peuvent plus aller à l’école ou au travail, les personnes boulimiques peuvent être très différentes les unes des autres. Mais on observe des caractéristiques communes : une intelligence et une créativité souvent au dessus de la moyenne et une tendance aux humeurs extrêmes qui peuvent ne pas se manifester lorsque la boulimie est suffisante pour les refouler.

Mais qu’elles soient extraverties ou pas, elles ont des schémas mentaux communs, ne serait-ce que l’obsession de la nourriture qui ne les lâche jamais et l’impression de regarder défiler leur vie sans être vraiment dedans. L’intelligence et la créativité sont souvent au dessus de la moyenne mais les humeurs et les émotions basculeraient dans les extrêmes en très peu de temps si la boulimie n’était pas là pour calmer le jeu.

Quel est cet enfermement mental, cette contrainte qui pousse à manger, à organiser toute leur vie, autour de la nourriture et de la peur de grossir ?
 
Même si chaque être humain est unique, avec une histoire et des caractéristiques qui lui sont propres, je rencontre assez souvent des schémas psychologiques et relationnels communs qui se manifestent dans la vie relationnelle affective sous trois formes différentes : l’évitement, l’agressivité, le besoin pathologique de la présence de l’autre.

Quant aux types de personnalité, les deux plus fréquents sont quasi opposés : certaines personnes sont totalement extraverties tandis que d’autres sont étonnamment réservées.

A – Les personnes qui ne parviennent pas à s’affirmer parce qu’elles ont trop peur du rejet de l’autre
Elles sont effacées, n’osent pas s’exprimer, ont la crainte d’être abandonnées. Sur le plan émotionnel, elles sont capables d’éprouver de la colère, mais le plus souvent sans la montrer directement.

Quand elles ont envie de quelque chose elles s’en privent en se disant « il (ou elle) ne comprendrait pas », « ça pourrait le blesser », « je ne veux pas lui faire du mal ». De ce fait, dans leur vie quotidienne, elles boudent beaucoup quand les choses ne tournent pas dans le sens qu’elles souhaitent.

Dans les groupes ces personnes parlent peu, restent souvent en retrait. L’objectif pour elles tout au long de la thérapie sera d’acquérir de l’estime d’elles-mêmes et de réussir à formuler avec authenticité, sans crainte et avec aisance, ce qu’elles auront besoin d’exprimer.

B – Les personnes qui semblent n’avoir peur de rien et s’expriment sans réserve.
A la différence des précédentes, celles-ci s’affirment brutalement, tout au moins en apparence. Dans les groupes, certaines font l’admiration des autres par leur courage et leur authenticité. Mais parfois, sous l’apparence de l’authenticité se cache de l’intellectualisation, de la contestation systématique, de la rancœur quand les choses ne tournent pas comme elles le souhaitent. Dans leur vie quotidienne elles sont capables de détruire en cinq minutes une relation affective (mariage, famille) qui durait depuis des années. Elles sont aussi capables de s’enflammer en une demi seconde pour quelqu’un et de s’auto-détruire quand il se détourne. A leur sujet les psychiatres ne parlent pas d’état dépressif mais de « dépressivité ». Elles basculent souvent dans l’ennui qui est pour elles une sensation insupportable, à la limite de la dislocation, de la suffocation.

Ces deux types de personnalités s’apportent beaucoup l’une l’autre dans un groupe de thérapie. Les personnes réservées profitent du climat émotionnel intense créé par les personnes extraverties qui ont tendance à monter dans les extrêmes, et inversement, celles qui ne connaissent que la brutalité et la violence des sentiments trouvent dans celles qui restent en retrait et et qui ont une vraie douceur un modèle de sensualité.

 

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