De la jolie jeune fille à qui tout semble sourire à la femme de cinquante ans, brillante chef d’entreprise, en passant souvent même par des célébrités qui semblent flirter avec les étoiles, jusqu’à celles qui se négligent et ne peuvent plus aller à l’école ou au travail, les personnes boulimiques peuvent être très différentes les unes des autres. Mais on observe des caractéristiques communes : une intelligence et une créativité souvent au dessus de la moyenne et une tendance aux humeurs extrêmes qui peuvent ne pas se manifester lorsque la boulimie est suffisante pour les refouler.
Mais qu’elles soient extraverties ou pas, elles ont des schémas mentaux communs, ne serait-ce que l’obsession de la nourriture qui ne les lâche jamais et l’impression de regarder défiler leur vie sans être vraiment dedans. L’intelligence et la créativité sont souvent au dessus de la moyenne mais les humeurs et les émotions basculeraient dans les extrêmes en très peu de temps si la boulimie n’était pas là pour calmer le jeu.
Quel est cet enfermement mental, cette contrainte qui pousse à manger, à organiser toute leur vie, autour de la nourriture et de la peur de grossir ?
Même si chaque être humain est unique, avec une histoire et des caractéristiques qui lui sont propres, je rencontre assez souvent des schémas psychologiques et relationnels communs qui se manifestent dans la vie relationnelle affective sous trois formes différentes : l’évitement, l’agressivité, le besoin pathologique de la présence de l’autre.
Quant aux types de personnalité, les deux plus fréquents sont quasi opposés : certaines personnes sont totalement extraverties tandis que d’autres sont étonnamment réservées.
A – Les personnes qui ne parviennent pas à s’affirmer parce qu’elles ont trop peur du rejet de l’autre
Elles sont effacées, n’osent pas s’exprimer, ont la crainte d’être abandonnées. Sur le plan émotionnel, elles sont capables d’éprouver de la colère, mais le plus souvent sans la montrer directement.
Quand elles ont envie de quelque chose elles s’en privent en se disant « il (ou elle) ne comprendrait pas », « ça pourrait le blesser », « je ne veux pas lui faire du mal ». De ce fait, dans leur vie quotidienne, elles boudent beaucoup quand les choses ne tournent pas dans le sens qu’elles souhaitent.
Dans les groupes ces personnes parlent peu, restent souvent en retrait. L’objectif pour elles tout au long de la thérapie sera d’acquérir de l’estime d’elles-mêmes et de réussir à formuler avec authenticité, sans crainte et avec aisance, ce qu’elles auront besoin d’exprimer.
B – Les personnes qui semblent n’avoir peur de rien et s’expriment sans réserve.
A la différence des précédentes, celles-ci s’affirment brutalement, tout au moins en apparence. Dans les groupes, certaines font l’admiration des autres par leur courage et leur authenticité. Mais parfois, sous l’apparence de l’authenticité se cache de l’intellectualisation, de la contestation systématique, de la rancœur quand les choses ne tournent pas comme elles le souhaitent. Dans leur vie quotidienne elles sont capables de détruire en cinq minutes une relation affective (mariage, famille) qui durait depuis des années. Elles sont aussi capables de s’enflammer en une demi seconde pour quelqu’un et de s’auto-détruire quand il se détourne. A leur sujet les psychiatres ne parlent pas d’état dépressif mais de « dépressivité ». Elles basculent souvent dans l’ennui qui est pour elles une sensation insupportable, à la limite de la dislocation, de la suffocation.
Ces deux types de personnalités s’apportent beaucoup l’une l’autre dans un groupe de thérapie. Les personnes réservées profitent du climat émotionnel intense créé par les personnes extraverties qui ont tendance à monter dans les extrêmes, et inversement, celles qui ne connaissent que la brutalité et la violence des sentiments trouvent dans celles qui restent en retrait et et qui ont une vraie douceur un modèle de sensualité.