Introduction:

Examinons  les différentes causes de la boulimie, légère ou sévère et les psychothérapies efficaces pour les traiter. Ce texte donne des informations sur les différentes formes d’addiction alimentaire et leurs prises en charges respectives

Voici en extrait vidéo floutée du témoignage d’une jeune femme qui dit avoir été très heureuse dans l’enfance; Mais à l’adolescence..

Les deux formes de boulimie

La boulimie est une addiction alimentaire de même que l’anorexie. Il existe des formes de boulimie restrictives qui évoquent l’anorexie par la maigreur due aux vomissements volontaires. Les personnes qui en sont atteintes sont généralement considérées comme des personnes anorexiques, mais appartiennent bel et bien à la catégorie des personnes boulimiques à cause de la structure de leur personnalité qui telle qu’on va la décrire ci-après. 

L’efficacité d’une psychothérapie dépend de la compréhension des causes du trouble qu’elle traite. Les manuels de psychiatrie identifient plusieurs facteurs possibles, génétiques, émotionnels, comportementaux, psychologiques, sociaux comme étant à l’origine de l’addiction alimentaire.

En tant que psychologue clinicienne, je considère la boulimie, qu’elle soit de type vomitive ou hyperphagique, ou qu’elle alterne entre la boulimie et l’anorexie, comme un symptôme plutôt qu’une maladie. L’origine du problème réside dans la structure psychologique de la personne plutôt que dans les événements de son passé.

Ce n’est pas important pour catégoriser la boulimie qu’elle soit avec ou sans vomissements. Ce qui est important pour le psychothérapeute c’est la structure de la personnalité sous-jacente. Hormis son retentissement sur l’état général le vomissement n’est pas un signe de plus grande gravité, contrairement à ce que l’on pourrait penser. Qu’elle se fasse vomir ou non, ou qu’elle présente une boulimie sous forme d’hyperphagie, le comportement alimentaire s’impose à la personne contre sa volonté. La différence réelle se situe entre une boulimie passagère et une boulimie dudrable.

La boulimie passagère

Dans certains cas, une personne peut développer temporairement une addiction alimentaire. Cela peut se produire si la personne était épanouie avant l’apparition de l’addiction, se sentait bien dans sa vie, bien dans sa peau, et en harmonie avec les autres. Lorsque je parle d’être bien dans sa peau, je ne fais pas référence à la réussite sociale ou scolaire, ni à l’humeur positive, mais plutôt à un sentiment d’être véritablement soi-même, bien dans son corps, capable, lorsque la personne a besoin de s’affirmer, et surtout si cela contrarie l’autre, de le faire avec douceur, ainsi qu’à la nécessité de ne pas chercher constamment la validation de l’entourage. Pour cela, il est nécessaire que la personne possède, si ce n’est l’estime de soi, du moins le sens de soi. Dans un tel cas, quelle que soit la forme de psychothérapie elle sera appropriée, et la boulimie sera probablement passagère.

Des bases identitaires solides

On rjoint ce que dit Boris Cyrulnik[1] à propos de la résilience. La résilience est d’autant plus facile quand la personne a passé sa première année dans un environnement où elle a pu fonctionner à son rythme, dans la joie et la paix et qu’elle s’est sentie aimée, reconnue, et acceptée telle qu’elle est. Quand il était jeune, Boris Cyrulnik a perdu ses parents pendant la guerre. Il a été fait prisonnier à l’âge de sept ans et mis dans un camp de concentration. Mais il pense qu’il s’en est sorti sans trop de blessures parce que, tout petit, il s’est senti confortable et heureux avec ses parents.

La boulimie persistante

Ce qui différencie une forme sévère et durable de l’addiction alimentaire de la forme passagère, c’est… la durée.  Une boulimie qui n’est pas passagère n’est pas liée à une période de vie émotionnellement difficile mais à une structure de personnalité, personnalité qui ne s’est pas construite sur des bases identitaires dites « sécures ». On peut en effet être une personne très intelligente, qui a très bien réussi dans sa vie sociale, en apparence totalement épanouie, et en même temps se sentir en permanence émotionnellement aussi fragile qu’un bébé abandonné sur un quai de gare.

Selon les psychiatres psychanalystes post freudien (Bowlby, Winnicott, Mélanie Klein), et qui est partagée par les neurophysiologistes aujourd’hui, pour se construire par rapport à la personne nourricière l’enfant a besoin de se sentir à l’aise et sécure dans la relation. Et s’il ne se sent pas pris en considération par l’autre (la personne nourricière)  il ne peut pas se prendre lui-même en considération, il ne peut pas développer un sens de soi.

L’absence d’un sens de soi

Quand le sens de soi fait défaut, dès le premier âge de l’enfant, lorsque la personne entre dans sa vie adulte. elle se sent vide, transparente, moche, inintéressante, et construit une personnalité « paravent », aussi séduisante que possible, dans le but de se faire accepter par les autres. Plus tard la personne nt aura beau être une personne magnifique vue de l’extérieur, avec un sens de soi déficient elle devra toujours s’agripper à l’autre pour se sentir vivante. Comme les gens, même les plus proches, n’acceptent pas qu’on s’agrippe à eux longtemps, l’addiction devient alors un moyen substitutif pour échapper à l’angoisse existentielle de ne pas se sentir exister dans sa peau, ni dans sa vie.

 

Le rôle de la sérotonine 

Des recherches (voir la note 2) montrent aussi chez ces personnes la possibilité d’un manque de sérotonine, un neurotransmetteur lié aux fonctions émotionnelles. Ce manque  peut avoir une origine génétique ou être induit par l’environnement du bébé. 

Tout ne repose pas, ainisi que les psychanalystes de l’enfance le pensaient auparavant, sur le fait d’avoir eu « une mère suffisamment bonne » comme l’écrivait Winnicott[2]. Il faut aussi tenir compte du facteur neurophysiologique. Les parents idéaux n’existent pas. Chacun fait ce qu’il peut. Si l’enfant est suffisamment pourvu en sérotonine[3] il peut émotionnellement gérer les petites frustrations de son quotidien de bébé. Le dysfonctionnement de la sérotonine peut être d’origine génétique ou induit par un environnement vécu par le bébé comme terriblement maltraitant. Ça peut venir d’un comportement involontairement inapproprié de la part des parents, comme du traumatisme d’un temps de guerre ou de grande catastrophe. 

Quoi qu’ll en soit, comme l’explique Boris Cyrulnik, si l’enfant est un « petit transporteur de sérotonine » il ne peut émotionnellement pas gérer les petites frustrations du quotidien sans se sentir en danger.

« La sérotonine est un neuromodulateur, c’est-à-dire une molécule produite par les neurones pour moduler la communication entre d’autres neurones dans notre cerveau. Les fonctions de la sérotonine sont nombreuses et encore peu décrites pour certaines. Elle est impliquée notamment dans la régulation des comportements, l’humeur, l’anxiété ou encore l’apprentissage. Elle serait également impliquée dans la motivation et la prise de décision. »[[2]

Boulimie chronique, signe d’une personnalité borderline[3]

L’expérience montre que les personnes porteuses d’une addiction alimentaire sévère sont le plus souvent des personnes atteintes d’un trouble de personnalité borderline. Leur addiction alimentaire peut aussi être combinée à une addiction à l’alcool ou aux drogues pour soulager leurs angoisses. Si les psychiatres estiment généralement qu’il faut être délinquant et manifestement violent pour être diagnostiqué borderline, en fait les manuels décrivent un spectre plus large de critères cliniques, dont la violence n’est qu’un des paramètres, d’ailleurs pas obligatoire.

A l’expérience clinique, la boulimie durable serait plutôt le symptôme d’une personnalité ayant des problèmes de relation quand l’affectif est en jeu.

La boulimie : une « maladie » du rapport à l’autre

Même lorsque l’addiction alimentaire disparaît, quelqu’un ayant une personnalité borderline continue de rechercher son rassurement dans un attachement excessif à autrui. Il peut se sentir rejeté lorsqu’il est seulement ignoré. Cela témoigne chez ces personnes d’une vie émotionnelle centrée sur soi sans tenir compte de l’autre, alors même qu’elles se pensent généreuses, ainsi que d’une difficulté à se sentir bien dans sa propre peau. 

La psychothérapie de groupe 

Les groupes de psychothérapie permettent d’observer la dynamique d’attachement de ces personnes et offrent un environnement propice au travail sur les troubles relationnels inhérents à ces personnalités borderline.

Ces personnes, qui n’ont pas développé un sens de soi solide, bénéficieront au mieux de cette approche en groupe, axée sur les problèmes d’identité et relationnels. L’interaction avec les autres leur permettra de découvrir leurs propres limites et d’apprendre à communiquer de manière fluide, sans dépendre des autres pour se sentir vivantes.

Dans les groupes, les personnes ayant des troubles relationnels peuvent acquérir un sentiment de soi, une estime de soi, en développant des compétences relationnelles saines. Une fois libérées de leurs troubles, elles deviennent extraordinaires à fréquenter en raison de leur charisme, de leur créativité et de leur caractère imprévisible protégeant de la monotonie. Les approches thérapeutiques de groupe offrent une opportunité idéale pour parvenir à cette transformation.

[1] Boris Cyrulnik est neuropsychiatre. Il est l’auteur de nombreux ouvrages qui ont tous été d’immenses succès Boris Cyrulnik est neuropsychiatre. Il est l’auteur de nombreux ouvrages qui ont tous été d’immenses succès,: Sauve-toi, la vie t’appelle, La nuit, j’écrirai des soleils et Des âmes et des saisons et tout récemment : Le Laboureur et le mangeur de vent – Liberté intérieure et confortable servitude. (éditions Odile Jacob)

[2] Une étude (2017) de l’équipe de Mathias Pessiglione s’intéresse à mieux comprendre les effets des traitements SSRI, prescrits dans les cas de dépression profonde, sur la motivation chez l’individu sain, et à replacer ces effets dans le cadre général du rôle de la sérotonine dans la prise de décision. » Institut du cerveau (référence “A specific role for serotonin in overcoming effort cost.” Florent Meyniel, Guy M Goodwin, JF William Deakin, Corinna Klinge, Christine MacFadyen, Holly Milligan, Emma Mullings, Mathias Pessiglione, Raphaël Gaillard. )

[3] Il convient de distinguer la structure de personnalité borderline des troubles de la personnalité borderline. On peut avoir ce type de personnalité sans avoir de troubles destructeurs. La personnalité borderline désigne quelqu’un de Boris Cyrulnik appelle « petit transporteur de sérotonine. Voici comment sont décrits les troubles de la personnalité borderline dans le DSM6 (manuel diagnostique des troubles mentaux) Des sautes rapides d’humeur, qui durent généralement quelques heures et rarement plus de quelques jours. Sentiments persistants de vide. Une colère intense inappropriée ou des difficultés à contrôler la colère. Des pensées paranoïdes temporaires ou des symptômes dissociatifs graves déclenchés par le stress.

Contact & renseignements

Pour un premier contact vous pouvez aussi m'envoyez moi un message avec vos coordonnées
(SMS) : +33 (0)6 68 66 19 11

Catherine Hervais
50 rue Rambuteau, 75003, Paris

(Que vous ayez facebook ou pas, vous pouvez suivre mon
travail sur ma page publique facebook où je poste régulièrement des vidéos et des articles.)