Contrairement à ce que l’on pense généralement, la sévérité de la boulimie n’est pas liée au fait que l’on se fasse vomir ou pas. Elle est liée soit à un problème passager auquel cas, elle peut se traiter par les thérapies habituelles, soit au fait qu’elle est le tranquillisant d’un problème d’identité, ce qui explique qu’on ne peut pas faire intervenir la volonté. Dans ce cas, comme il en est pour les toxicomanes, la psychothérapie de groupe est le mieux adapté et le plus efficace. Elle peut se faire à distance.

La jeune femme qui témoigne n’est plus hyperphagique depuis 4 ans. Ici, elle raconte qu’elle avait pris 20 kg en 1 mois. 

Boulimie anorexique ou hyperphagique : deux cas de figure

La boulimie anorexie ou la boulimique hyperphagique sont une addiction alimentaire. Il existe deux formes de boulimie restrictives, dont l’une évoque l’anorexie par la maigreur due aux vomissements volontaires. Les personnes qui ont une maigreur inquiétante sont généralement considérées comme des personnes anorexiques. Mais elles appartiennent bel et bien à la catégorie des personnes boulimiques à cause de la structure de leur personnalité telle que nous la décrivons ci-dessous.

La structure de la personnalité est en réalité ce qui fait la différence.

En tant que psychologue clinicienne, je considère la boulimie, qu’elle soit de type vomitive ou hyperphagique, ou qu’elle alterne entre la boulimie et l’anorexie, comme un symptôme plutôt qu’une maladie. L’origine du problème réside dans la structure psychologique de la personne plutôt que dans les événements de son passé.

Psychologiquement, que la boulimie soit avec ou sans vomissement, ne change que les conséquences possibles pas le problème de fond. 

Ce qui est important pour le psychothérapeute c’est la structure de la personnalité sous-jacente. Hormis les possibles retentissement sur l’état général, le vomissement n’est pas un signe de plus grande gravité, contrairement à ce que l’on pourrait penser.

La différence réelle se situe entre l’addiction passagère et l’addiction durable.

Qu’on se fasse vomir ou non, ou que la boulimie se présente sous forme d’hyperphagie, les addictions dont l’addiction alimentaire s’imposent à la personne contre sa volonté. Elles peuvent ne pas durer si la cause est liée à un évènement de vie difficile tel que le passage de l’adolescence, la perte d’un être cher, la perte d’un travail, etc. Quand l’addiction alimentaire devient chronique, et si la cause n’est pas organique, elle est toujours liée à un trouble de l’identité.

1) La boulimie passagère : Des bases identitaires solides

Dans certains cas, une personne peut développer temporairement une addiction alimentaire. Cela peut se produire si la personne était épanouie avant l’apparition de l’addiction, se sentait bien dans sa vie, bien dans sa peau, et en harmonie avec les autres. Lorsque je parle d’être bien dans sa peau, je ne fais pas référence à la réussite sociale ou scolaire, ni à l’humeur positive, mais plutôt à un sentiment d’être véritablement soi-même, bien dans son corps, capable, lorsque la personne a besoin de s’affirmer, et surtout si cela contrarie l’autre, de le faire avec douceur, ainsi qu’à la nécessité de ne pas chercher constamment la validation de l’entourage. Pour cela, il est nécessaire que la personne possède, si ce n’est l’estime de soi, du moins le sens de soi. Dans un tel cas, quelle que soit la forme de psychothérapie elle sera appropriée, et la boulimie sera probablement passagère.

2) La boulimie persistante : Une vulnérabilité identitaire

Ce qui différencie une forme sévère et durable de l’addiction alimentaire de la forme passagère, c’est… la durée.  Une boulimie qui n’est pas passagère n’est pas liée à une période de vie émotionnellement difficile mais à une structure de personnalité, personnalité qui ne s’est pas construite sur des bases identitaires dites « sécures ». On peut en effet être une personne très intelligente, qui a très bien réussi dans sa vie sociale, en apparence totalement épanouie, et en même temps se sentir en permanence émotionnellement aussi fragile qu’un bébé abandonné sur un quai de gare.

Selon les psychiatres psychanalystes post freudien (Bowlby, Winnicott, Mélanie Klein), et les neurophysiologistes aujourd’hui, pour se construire, le nourrisson a besoin de se sentir à l’aise et sécure, dans les mille premiers jours de sa vie. 

Les explications de Boris Cyrulnik : l’absence d’un sens de soi

Nos propos sur l’importance des bases identitaires rejoignent ceux de Boris Cyrulnik à propos de la résilience. La résilience est d’autant plus facile quand la personne a passé sa première année dans un environnement où elle a pu fonctionner à son rythme, dans la joie et la paix et qu’elle s’est sentie aimée, reconnue, et acceptée telle qu’elle est. 

Quand le sens de soi fait défaut, dès le premier âge de l’enfant, lorsque la personne entre dans sa vie adulte. elle ressent un vide sidéral, elle se sent transparente, moche, inintéressante, et se construit une personnalité  paravent », aussi séduisante que possible, dans le but de se faire accepter par les autres.

La personnalité « paravent » qui sait donner le change, faisant parfois l’admiration de tous

Cependant, plus tard, la personne aura beau être une personne magnifique vue de l’extérieur, avec un sens de soi déficient, elle devra toujours s’agripper à l’autre pour se sentir vivante. Comme les gens, même les plus proches, n’acceptent pas qu’on s’agrippe à eux longtemps, l’addiction devient alors un moyen substitutif pour échapper à l’angoisse existentielle de ne pas se sentir exister dans sa peau, ni dans sa vie.

L’efficacité d’une psychothérapie dépend de la compréhension des causes du trouble qu’elle traite

  • Les manuels de psychiatrie identifient plusieurs facteurs possibles, génétiques, émotionnels, comportementaux, psychologiques, sociaux comme étant à l’origine de l’addiction alimentaire. 
  • En tant que psychologue clinicienne, je considère que la boulimie, qu’elle soit de type vomitive ou hyperphagique, ou qu’elle alterne entre la boulimie et l’anorexie est un symptôme lié à une difficulté de créer des liens avec les autres, comme avec soi-même, plutôt qu’une maladie

Ce qui est à retenir : 

 

Le problème identitaire est à traiter dans le présent (même si l’origine est dans le passé). Pour le résoudre, Il est nécessaire de se centrer sur l’ici et maintenant, afin de trouver enfin ses propres repères.

Catherine Hervais, Psychologue TCA à Paris

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