Quel type de psychothérapie pour la boulimie ?

Pourquoi consulter un psychologue spécialisé dans les troubles alimentaires quand on souffre de boulimie hyperphagique ou de boulimie anorexique alors qu’on n’a pas l’impression d’avoir besoin d’un psychologue, d’autant que de nombreuses personnes sont très satisfaites de leur vie familiale et professionnelle, au point qu’elles font l’admiration de leur entourage ?

 « Tout va bien, mais tout, à part la boulimie ! » disent-elles souvent en consultation. Que peut leur apporter un psychologue des troubles alimentaires ?

L’approche psychologique cognitivo comportementale (TCC).

Aujourd’hui, l’approche psychothérapeutique la plus pratiquée par les psychiatres et les psychologues dans les services hospitaliers est l’approche psychologique cognitivo comportementale (TCC). Elle a pour objet d’aider les personnes qui souffrent de boulimie à apprendre à identifier et à modifier les schémas de pensée destructeurs qui sont suspectés d’avoir une influence néfaste sur le comportement et les émotions.

Ce traitement est actuellement en cours dans les centres spécialisés pour la boulimie anorexique ou hyperphagique du monde entier. Mais bien que préconisé dans tous les manuels psychiatriques en cas de boulimie anorexique ou hyperphagique, si on convoque les études psychanalytiques sur la première enfance, ce traitement n’est pas réellement approprié

Deux cas du trouble du comportement alimentaire boulimique et ou hyperphagique

D’un point de vue psychologique on distingue deux cas du trouble du comportement alimentaire boulimique et ou hyperphagique, à la fois semblables et différents.

Le premier cas de figure

Dans le premier cas de figure, la boulimie peut n’être qu’une passade dans la vie d’une personne qui ressent ponctuellement, souvent à l’adolescence ou à la perte d’un être cher, ou suite à un événement traumatique, une régression émotionnelle importante qui lui fait perdre ses repères habituels. L’angoisse qui s’ensuit ne se calme alors qu’avec la nourriture. La personne fera un épisode hyperphagique ou boulimique qui se résoudra sans difficulté avec une régulation nutritionnelle et une approche psychologique cognitivo comportementale. Suite à ce traitement la personne, qui avait un bon équilibre psychologique avant son épisode déstabilisant, retrouve alors ses repères, et le trouble alimentaire peut disparaître aussi vite qu’il est apparu.

Le deuxième cas de figure

Dans le deuxième cas de figure, si la personne est née hypersensible, si, à cause de son hypersensibilité, elle ne s’est pas sentie en sécurité, elle a pu développer ce qu’en psychologie on appelle un trouble de l’attachement : collée à sa personne nourricière, elle est plus attentive à la « séduire » qu’à se construire ses propres repères.

Dans un foyer instable émotionnellement 

Quand le foyer familial est instable émotionnellement (dispute, mésentente, angoisse du parent nourricier) la personne sera en difficulté tout au long de son enfance. Et à l’adolescence, sans repères identitaires, elle commence à développer une addiction alimentaire qui pourrait être accompagnée d’alcool ou de drogue, et qui dans son cas ne sera pas transitoire. Pour vaincre l’addiction alimentaire il faudra alors qu’elle développe son autonomie à l’âge adulte puisqu’elle n’a pas pu le faire avant, trop dépendante de l’univers familial.

Dans un foyer accompagnant et agréable

Quand le foyer familial est accompagnant et agréable, elle ne sera pas en difficulté pendant l’enfance. Mais à cause de son hypersensibilité elle se sent perdue à l’adolescence, parce qu’elle ne se sent pas autonome avec ses repères à elle. Avant elle vivait par procuration dans l’univers parental, et à l’adolescence elle ne trouve pas les limites de sa propre identité. Même si elle a été heureuse dans l’enfance, elle ne se sent pas les ressources de prendre place parmi les autres. En détresse, elle développera une addiction alimentaire pour apaiser une angoisse surdimensionnée.

Pour ces personnes, dont l’addiction apaise un sentiment de ne pas se sentir dans leur corps, dans leur vie parmi les autres, elles sauveront les apparences avec leurs compétences intellectuelles et artistiques, mais elles se sentiront vides, perdues et en décalage parmi les autres. Cela ne se verra pas de l’extérieur. Mais au fond d’elles-mêmes elles ne sont pas capables de vivre sans s’accrocher à une addiction pour se sentir vivantes. L’addiction se manifestera au début par de la boulimie ou au contraire par un besoin de contrôler leur poids afin de garder le plus possible leur corps d’enfant, puisqu’elles se sentent en décalage avec les adultes.

Dans ce cas de figure, le traitement nutritionnel additionné à la psychothérapie cognitivo comportementale pour identifier leurs schémas de pensée ne suffira pas. Elles ont besoin d’une psychothérapie relationnelle pour apprendre à devenir elles-mêmes face à l’autre. Alors, et alors seulement, elles pourront se sentir exister parmi les autres pour se sentir vivantes sans avoir besoin d’une addiction …

Et si le Groupe de parole était la solution ?

Souvent les personnes qui viennent faire un groupe de parole ont déjà fait plusieurs psychothérapies d’approches différentes, et, pour la plupart, des psychothérapies individuelles. Rares sont celles qui d’emblée ont envie de faire de la psychothérapie de groupe. Le groupe fait peur. Le regard des autres fait peur. Ce qu’on redoute le plus c’est de ne pas être aimé. On se sent tellement vide à l’intérieur, tellement peu intéressant, qu’on en fait des tonnes pour être aussi parfait que possible. Mais justement parce qu’on sait qu’on en fait des tonnes on a peur aussi que ça se voit et de passer pour un imposteur. Alors on cherche un psychologue spécialisé dans les troubles alimentaires. Mais là encore, face à ce psychologue, on cherche à montrer la meilleure partie de soi-même, on veut être intelligent, on veut que le psy ne s’ennuie pas de la même façon qu’on cherchait à plaire au parent nourricier. On joue un rôle. Le fait est que de toute façon le psy lui-même ne montre pas son vrai visage. En effet, tout à l’écoute de la personne qui est en face de lui, il ne se comporte pas comme un égal mais plutôt d’un soignant, un guide. Pour qu’un psychothérapie individuelle soit intéressante, il faudrait que le psychologue spécialisé dans les troubles alimentaires réussisse à établir avec la personne boulimique une véritable communication d’égal à égal ; que la personne boulimique se trouve en situation de pouvoir établir avec le psy une relation authentique, une véritable relation. Ce n’est pas impossible en psychothérapie individuelle mais encore faut-il trouver une ou un psychologue qui sache à la fois être empathique mais en même temps confrontant quand c’est nécessaire, et que la personne boulimique ait l’impression d’être avant tout en face d’un être humain et pas seulement d’un psy pour pouvoir établir avec lui une véritable relation. Cela lui permettra d’apprendre à devenir elle-même face à l’autre. Être soi-même face à un psy c’est déjà pas mal mais ce n’est pas suffisant. Il faut savoir être soi-même face à une personne, en parvenant à se sentir d’égal à égal.

Je me souviens d’une séance qu’un psychanalyste pédiatre, Winnicott, avait décrite dans un article. Sa patiente avait passé toute la séance à pleurer, allongée sur le divan, recouverte d’une couverture, en position quasiment fœtale. Pendant toute la séance il avait respecté que sa patiente ne lui parle pas. En psychanalyse, si on veut ne pas parler pendant des séances entières, on peut le faire, le psychanalyste n’attend rien. Néanmoins, à la fin de la séance, quand elle s’est relevée du divan et qu’elle remettait son manteau, Winnicott lui a dit : « Vous n’avez pas beaucoup tenu compte de moi pendant cette séance ». Ce n’était pas un reproche mais une information. Ne pas tenir compte de l’autre, c’est la maladie mentale. Tenir compte de soi mais aussi de l’autre au contraire, c’est ce qu’il faut apprendre à faire pour en sortir. Le psychanalyste a senti que cette personne ne pouvait pas rester repliée sur elle-même si elle voulait se sentir vivante. Il ne demandait rien mais il voulait qu’elle le sache.

La plupart des psychologues aujourd’hui sont formés à l’écoute neutre et bienveillante. Les psychologues spécialisés dans les troubles alimentaires pensent donc bien faire en étant neutres et bienveillants. En réalité, pour que la personne boulimique se sorte de son isolement et qu’elle n’ait plus besoin d’une addiction pour calmer ses angoisses liées à sa solitude intérieure, il est nécessaire que le psychologue sorte de sa neutralité afin que la personne boulimique apprenne à être elle-même, et, en étant elle-même, à communiquer sans ressentir le besoin de se cacher ou d’agresser. Elle apprendrait ainsi dans sa psychothérapie ce que c’est que d’être en relation authentique avec l’autre. Et en réussissant à être vraiment en relation avec l’autre dans un contact authentique, elle découvrirait qu’elle est en même temps capable d’être en relation avec elle-même. Mais d’une manière générale la psychothérapie individuelle, avec une personne qui a l’habitude d’être totalement repliée sur elle-même, est très difficile à gérer pour un psychologue. L’idéal pour ce type de personne est la psychothérapie de groupe, qu’on peut préfèrer appeler groupes de paroles dans la mesure où, comme les psychanalystes, on peut considérer que les gens ne sont pas vraiment malades, que tous les symptômes sont un langage, et qu’il suffit simplement, pour aller bien, sans symptôme, d’apprendre à être et à communiquer d’une façon authentique, en tenant compte de l’autre.

En Amérique le groupe de parole est fréquemment utilisé. En France beaucoup moins. Les gens ont peut-être l’impression que s’ils sont seuls avec un thérapeute, ils ont le thérapeute entièrement pour eux, ce qui rendrait à leurs yeux la thérapie beaucoup plus efficace que d’avoir un thérapeute pour plusieurs personnes.

Cela pourrait peut-être paraître logique à première vue. Et pourtant les groupes permettent à la personne boulimique d’apprendre à devenir elle-même, sans honte, en apprenant à avoir de moins en moins peur du regard des autres, en apprenant à prendre place parmi eux, sans se cacher, sans tricher et sans les agresser quand ils tiennent des propos avec lesquels on n’est pas d’accord. Dans un groupe on peut apprendre à se sentir libre d’être qui on est, tout en laissant à l’autre la liberté d’être tel qu’il est aussi.

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