Avant de parler de groupe de parole pour anorexiques, il faut préciser ce que l’on entend par anorexie. Les médecins ont souvent tendance à s’appuyer sur le comportement pour faire leur diagnostic. Si bien que lorsqu’on a un trouble du comportement alimentaire restrictif et la peau sur les os, dans les services hospitaliers, on est traité dans le même service que les anorexiques.

Pourtant on peut être très maigre et boulimique 

J’ai souvent connu des personnes boulimiques dont la maigreur faisait peur. Ce sont celles qui vomissent à multiples reprises à chaque ingestion d’aliments, jusqu’à ce que le liquide régurgité soit totalement clair au dernier vomissement.

Deux univers mentaux différents

En psychologie, l’expérience montre que même s’il y a une ressemblance sur le plan de l’apparence physique entre une personne anorexique et une personne boulimique très maigre, leur univers mental est très différent. Selon la psychanalyste Caroline Eliacheff la différence entre une personne boulimique et une personne anorexique n’est pas dans le comportement ni dans l’apparence, mais dans le discours.

On ne trouve de groupes de parole pour anorexie qu’à l’hôpital

Les personnes anorexiques n’étant pas en demande d’aide, elles sont généralement hospitalisées sur l’insistance de leurs proches qui craignent de les voir mourir à force de s’accrocher à leur comportement alimentaire restrictif. Ce n’est qu’une fois hospitalisées que les anorexiques suivent un traitement nutritionnel pour prendre du poids. Elles sont suivies par un psychiatre le temps de l’hospitalisation et participent à des groupes de parole pour anorexie qui leur permettent de s’exprimer librement, de partager leur colère, leur mal-être, leur tristesse de se sentir incomprises. A en juger par les propos tenus sur les forums fréquentés par des personnes anorexiques, ces groupes de parole leur font du bien parce que, entre elles, elles se sentent comprises.

Quel effet thérapeutique à l’hôpital ?

Mais les groupes de parole anorexie à l’hôpital, ont un effet thérapeutique assez léger. Ces groupes n’ont pas lieu très souvent. Ils ne durent que de une heure et demi à trois heures par semaine. Et ils sont souvent animés pas une diététicienne ou un médecin nutritionniste qui ne confrontent pas suffisamment les personnes sur le plan identitaire. Ces groupes ont surtout pour vocation de libérer la parole et de soulager.

Et pourquoi pas le groupe de parole pour boulimie ?

Contrairement au groupe de parole pour anorexie, les groupes de parole pour boulimie sont de plus en plus fréquents même en dehors de l’hôpital. Si l’anorexique se sent relativement bien dans sa peau en se voyant très maigre, même sachant qu’elle risque sa vie, la personne boulimique, au contraire, se sent toujours très mal dans sa peau et est régulièrement en demande d’aide. Contrairement aux personnes anorexiques, les personnes boulimiques vivent dans la honte, la peur, un sentiment de vide insupportable et dans leurs moments de dépressivité elles éprouvent le besoin de consulter un psychothérapeute. Ainsi une personne qui est boulimique et qui a l’apparence d’une anorexique exprime une demande d’aide, souhaite réellement être aidée sur le plan psychologique contrairement à la personne anorexique. Dans la mesure où il y a un vrai besoin d’être aidé, un groupe de parole peut avoir une fonction psychothérapeutique beaucoup plus efficace qu’un groupe de parole de soutien.

Participer à un groupe de parole pour boulimique quand on se pense anorexique ?

Ainsi si une personne se pense anorexique parce qu’elle est très maigre et qu’elle se retrouve, à l’hôpital, dans un groupe de parole anorexie, bien qu’ayant en commun un poids trop faible, elle ne se sentira pas comprise pour autant parmi les participants anorexiques du fait qu’elle est boulimique avec un univers mental différent. Bien que très très maigre elle aura tout intérêt, après son hospitalisation, quand sa vie ne sera plus en danger, à participer à des groupes de parole pour boulimie. Non seulement elle s’y sentira comprise, non seulement elle aura le plaisir de partager ses émotions avec les autres, mais il lui sera possible de faire un véritable travail psychothérapeutique. Ceci à condition que ces groupes soient animés par des psychologues qui aint une formation psychanalytique et humaniste, attentifs à traiter leur problème d’identité sans se centrer sur leur comportement alimentaire.

Catherine Hervais, Psychologue TCA à Paris

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