La psychothérapie confrontante: oser se regarder en face avec courage

C’est difficile de voir la vérité en face

La psychothérapie confrontante est rarement le premier choix d’une personne boulimique. On a tendance à chercher la douceur, la compréhension, une écoute inconditionnelle afin de se donner, une fois pour toutes, l’occasion de vider son sac, ce qu’on ne peut pas facilement faire avec des amis ou avec des proches.

Quand on est face à une problématique qu’on ne réussit pas à résoudre et quand cette problématique dure depuis trop longtemps déjà, on s’aperçoit qu’on n’a pas les éléments pour la résoudre et on a besoin de faire une psychothérapie pour voir avec un spécialiste ce que soi-même on n’est pas capable de voir.

Le premier réflexe, donc, c’est d’exposer la situation dans laquelle on se sent très malheureux avec l’espoir de trouver du réconfort. On a l’impression qu’un réconfort ferait tellement de bien. Et qu’une psychothérapie confortable permettrait d’obtenir ce réconfort, donnant ainsi la force de trouver à nouveau l’envie de vivre et de se battre.

Mais les psychothérapeutes qui sont d’emblée très accueillants et non contrariants ne rendent pas forcément vraiment service aux gens ; ils ne leur permettent pas de regarder la vérité en face. S’ils sont dans cette situation, c’est qu’ils ne font peut-être pas ce qu’il faudrait faire pour réagir, pour prendre sa place sans violence, pour assumer ses choix, ou peut-être même, dans un premier temps, pour définir ses choix.

La confrontation c’est aussi se confronter à soi-même

Un psychothérapeute qui pratique une psychothérapie confrontante n’est pas forcément quelqu’un de revêche. C’est juste quelqu’un qui ne va pas caresser dans le sens du poil et qui ne va pas laisser son patient se morfondre dans la victimisation. Au cours de la relation authentique et d’égal à égal, le thérapeute, en exprimant ce qu’il ressent face à la personne qui cherche du secours, vise peut-être dans un premier temps à l’engager à découvrir quels sont ses vrais choix, ses vraies envies, ses vrais non-envies, et à l’encourager à prendre ce chemin-là.

La perception de soi et des autres

D’autre part, il est assez fréquent qu’elle ne se rende pas elle-même compte de ce qu’elle dégage dans la relation pour que l’autre ait envie de l’écouter. Est-ce qu’elle parle avec les yeux vitreux ? Est-ce qu’elle a une voix trop neutre ? Est-ce que ses épaules sont trop basses ? Toutes ces petites choses que l’on dégage et que l’on ne sait pas qu’on dégage et qui font que l’autre ne peut que s’ennuyer ou vouloir être ailleurs.

La psychothérapie confrontante lui permettra de se rendre compte de tout ce qu’elle ne peut pas voir elle-même. On y fait parfois des jeux de rôle où le psy joue son rôle afin qu’elle ressente ce que le psy peut ressentir quand elle parle. Ce n’est pas très agréable, évidemment ; on peut se sentir humilié, blessé, mais au moins, on peut regarder la vérité en face.

L’authenticité en psychothérapie de groupe

Et c’est encore plus vrai dans une psychothérapie de groupe où les gens ont pour consigne d’être authentiques, le plus authentique possible, afin que la personne se rende compte de comment elle est ressentie par les autres. C’est très important parce que, dans sa vie privée, quand elle en aura conscience, les rapports pourront changer du tout au tout. On se rend compte que la vérité n’est pas là où on la pensait : si on se sent victime, c’est peut-être parce qu’on n’a pas l’énergie et la force de prendre sa place.

Transformation et liens sociaux

La psychothérapie de groupe est très efficace ; on sent que chacun apprend en écoutant les autres ce qui lui plaît et ce qui ne lui plaît pas. Chacun apprend à affirmer ses goûts, à exprimer ce qui lui plaît chez les autres mais aussi ce qui lui déplaît. C’est une vraie leçon de vie qui a le pouvoir de changer les personnes du tout au tout. On s’affirme, et si on est blessant sans le vouloir, on reformule ce que l’on voulait dire mais d’une façon non blessante, et généralement, c’est suffisant pour créer des liens très chaleureux entre les gens.

L’inconfort de l’authenticité au départ finit par apporter des vérités qui ne se diraient jamais dans une psychothérapie non confrontante. De plus, en groupe, en apprenant à être authentiquement soi-même, on finit par se sentir en lien avec les autres et en sécurité. Je n’irai pas parler de bienveillance parce que je pense que la bienveillance ne se commande pas, mais en tout cas, je peux dire qu’une communication authentique et non jugeante permet à chaque membre du groupe de se sentir enfin respecté tel qu’il est. Petit à petit, la personne apprend à ne plus se juger elle-même et elle comprend qu’après tout, elle n’a rien à prouver pour avoir le droit de vivre.

Je dirais que la psychothérapie confrontante, surtout en groupe, voit souvent arriver les gens au bout du bout de leur mal-être et repartir la tête haute, bien dans leur peau, bien parmi les autres.

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