Voici ce que pensait Serge Ginger de l’approche humaniste pour la boulimie créée par Catherine Hervais. Serge Ginger était le psychologue Secrétaire Général du Centre National de psychothérapie et de psychanalyse (SNPpsy)
« La psychothérapie humaniste de Catherine Hervais s’inspire de plusieurs approches pour s’adapter à la personnalité des personnes boulimiques anorexiques. Comme la plupart des thérapies humanistes en général, elle s’intéresse à la personneet non au symptôme.
Spécialisée depuis 25 ans dans le traitement de patients atteints de troubles boulimiques et anorexiques, Catherine Hervais propose un nouveau regard sur cette pathologie et une nouvelle approche thérapeutique qui est aujourd’hui reconnue dans le milieu professionnel de la psychothérapie pour son efficacité.
Psychologue clinicienne, amplement formée à plusieurs approches thérapeutiques : psychanalyse, approche ericksonienne, Gestalt-thérapie, etc., auprès de psychothérapeutes renommés, cela aux USA comme en France, elle sait de quoi elle parle puisqu’elle a elle-même souffert de boulimie-anorexie pendant de nombreuses années. J’ai lu avec intérêt ses deux ouvrages: Les toxicos de la bouffe: la boulimie vécue et vaincue et Vivre et communiquer avec un proche boulimique-anorexique. Et j’ai été frappé par la justesse du ton de son film, Boulimie et Thérapie (En formation j’ai souvent montré ce film parce qu’il permet de comprendre la boulimie « de l’intérieur ». Tout y est dit. On y saisit bien ce que veut dire le terme «borderline».
La thèse centrale de Catherine Hervais est que la boulimie anorexie ne se limite pas à un trouble du comportement alimentaire mais représente un symptôme qui exprime un trouble plus global de la personnalité et de la relation, apparenté le plus souvent au trouble borderline (état limite)2. Bien que nouvelle, l’approche de Catherine Hervais se base en grande partie sur la Gestalt-thérapie mais pas seulement. D’ailleurs, elle se démarque de Gestalt dans son évolution actuelle, dans la mesure où le Gestalt thérapeute a tendance (même s’il est empathique et authentique) à se mettre plutôt en retrait.
S’il fallait appuyer sur le lien entre la pratique de Catherine Hervais et la Gestalt thérapie, il faudrait plutôt le trouver dans la Gestalt des débuts, lorsque son créateur, Fritz Perls, traquait les faux-semblants de ses patients pour faire surgir en eux ce qu’ils avaient de réellement authentique.
Douce et empathique dans les moments où la personne manque totalement de ressources, elle n’hésite par à laisser exprimer sa spontanéité d’être humain, quelquefois de manière confrontante, pour travailler avec la personne boulimique-anorexique la manière dont cette dernière entre en contact (ou dont elle n’entre pas en contact) dans le présent de la relation thérapeutique. »
Comme Perls(2), elle utilise le contact actuel pour faire surgir l’authenticité des personnes boulimiques- anorexiques, pour favoriser l’expression et le partage des émotions, parfois en séance individuelle mais plus souvent en groupe, où chacun «travaille» à son propre rythme et sur sa propre vison du monde, sans se polariser sur le symptôme boulimique… Cette adaptation de la pratique à des patients spécifiques permet des résultats très encourageants, profonds et durables, portant sur la personnalité tout entière, et le symptôme alimentaire ainsi l’obsession disparaissent d’eux-mêmes au bout de quelques mois ou quelques années. »
(1) Serge Ginger était psychologue clinicien, psychothérapeute, Président de la Commission européenne d’accréditation (Training Accreditation Committee, ou TAC) des instituts de formation à la psychothérapie des 41 pays membres de l’EAP (European Association for Psychotherapy) et Secrétaire général de la Fédération Française de Psychothérapie et Psychanalyse (FF2P)
(2) Fritz Perls, le fondateur de la Gestaltthérapie, ancien psychanalyste ne travaillait pas directement sur le passé. Selon lui, quand on savait être en contact authentique avec l’autre et avec soi-même en même temps, on n’avait ni symptômes psychosomatiques, ni troubles du comportement. Aussi s’impliquait-il lui même avec authenticité en tant que personne et pas seulement en tant que psy et il signalait au patient quand celui-ci fuyait le contact, tant avec son interlocuteur qu’avec lui-même.