Elle avait été diagnostiquée haut potentiel, une étiquette qui, pour beaucoup, évoque l’idée d’une intelligence exceptionnelle et de réussite. Cependant, derrière cette façade brillante, se cachait une profonde souffrance qu’elle tentait de calmer avec une addiction alimentaire.

Ce témoignage vidéo rend compte de la manière dont une personne peut lutter contre la boulimie malgré un diagnostic de haut potentiel, en s’appuyant sur un groupe de soutien et diverses thérapies.

 

C. J’ai encore très en mémoire la Clémentine que j’étais en venant à mon premier groupe. Et j’ai beaucoup de bienveillance pour elle, parce que ça a été dur pour moi de venir. J’étais dans une telle souffrance et un tel mal-être, qu’en fait, je ne me suis pas posé la question d’avoir peur ou pas (du groupe).
Il fallait faire quelque chose et la solution, après avoir tout tenté comme un peu vous toutes et vous tous, la seule nouvelle solution que j’avais c’était ça.

Et les groupes ça m’a permis ça aussi. Ça m’a permis de sortir de cet état d’esprit très centré sur moi-même pour m’ouvrir aux autres et à ce qu’ils vivaient.

Parce que comme on l’a beaucoup dit, on se sent extrêmement seul. On a tout pour être heureux et on l’est pas. Et je crois que, pour moi, c’était ça qui était plus une souffrance que la boulimie. Et qu’en fait on n’est pas tout seul.

Et le premier choc que j’ai eu en mettant les pieds ici c’est de me retrouver avec des gens qui parlaient la même langue, qui savaient aussi bien que moi cacher que ça n’allait pas. C’est pour ça peut être que je me sentais si seule à l’extérieur. Et en fait j’ai réalisé que on était beaucoup, que les gens que je rencontrais, ils étaient géniaux et donc y’a pas de raison, que moi finalement j’ai été forcément bien. Donc ça a été dès le premier groupe.

Je rejoins ton idée de renaissance aussi. La première claque dans la figure quoi.
La seconde qui a suivi très vite, c’est que, du coup, ça m’a permis de casser toutes mes croyances.

Je pensais très bien me connaître. Je pensais être quelqu’un de gentil qui se remet en question, mais finalement, en fait, j’étais persuadée de plein de choses… Alors je ne suis pas quelqu’un de méchant, mais j’ai finalement j’étais quand même très sûre de moi sur certains aspects et tellement en train de douter, sur d’autres. Donc peut être dans un paradoxe constant, ça m’empêchait d’avancer de savoir qui j’étais. Donc très vite dans les groupes, ce qui est apparu au bout de peut-être une petite dizaine, c’est d’avoir le sentiment, en en ayant cassé toutes mes croyances, en ayant joué le jeu de laisser les choses venir et de fonctionner non plus en « je dois » « il faut que » … En fonctionnant en « j’ai envie de », je n’ai pas envie de » ça m’a permis de découvrir qui j’étais finalement, de créer une identité, et du coup de créer de l’estime de moi-même que j’avais pas avant.

Avant j’avais confiance en moi parce que la société, ma famille, mes amis me reflétaient ça. Voilà certaine réussite sociale etcetera. Mais comment ça se faisait que malgré tout ça je sois si malheureuse si désemparée, avec envie de mourir tous les jours, sans pour autant le faire.

CH : c’était quoi ta réussite sociale, est ce que c’est du tu peux le dire ?
C. Bah c’est d’avoir été de première de la classe à chaque fois à l’école, avoir réussi avec mention mon bac, d’avoir fait des bonnes études, avoir un master très sélectif, de commencer à travailler, avoir une belle carrière qui se profile, les propositions d’emploi en étant à peine diplômée. Et puis dans le sport aussi.

Et en fait, à travers tes groupes, j’ai réalisé que ce n’était pas moi. Et tu vois, aujourd’hui, j’ai repris des études. Je fais des études de psychologie. C’est ce que en fait j’ai toujours voulu faire et que je n’assumais pas, parce qu’on attendait autre chose de moi. Ou alors pire, je croyais qu’on attendait ça de moi et en fait non, pas forcément, c’était ces croyances que j’avais dans la tête toute seule, en me disant que mes parents attendent ça de moi. Pour réussir dans la vie il faut que je fasse ça, et en fait personne n’attend rien de moi.

Ça rejoint ce qu’on disait ce matin. Donc si je veux être heureuse, c’est entre mes mains.
Donc cette thérapie m’a aussi beaucoup responsabilisée.


Haut Potentiel : Un cadeau et un défi

Le haut potentiel, également connu sous le nom de surdouance, est souvent associé à des capacités intellectuelles hors du commun. Les individus dotés de ces caractéristiques sont généralement doués dans divers domaines et peuvent exceller académiquement ou professionnellement. Cependant, ce diagnostic peut également apporter son lot de défis, notamment des sensibilités accrues, une intensité émotionnelle, et une tendance à l’auto-critique.

Les racines de la boulimie

Malheureusement, le haut potentiel peut également être lié à des troubles de l’alimentation tels que la boulimie hyperphagique qui cachent un trouble de l’identité. En plus, la pression pour réussir, les attentes élevées, et la quête constante de perfection peuvent devenir accablantes quand on a une personnalité hypersensible.. Dans le cas de notre protagoniste, la boulimie était devenue un moyen de faire face à ces pressions. Les crises alimentaires lui offraient un répit temporaire à sa douleur intérieure.

La quête de la guérison

Face à l’addiction alimentaire qui la consumait, elle chercha désespérément la guérison. Elle consulta plusieurs thérapeutes au fil des années, essayant diverses approches pour vaincre sa boulimie. Malgré tous ses efforts, la boulimie continuait à exercer un contrôle dévastateur sur sa vie.

Puis vint le jour où elle entendit parler d’un groupe de psychothérapie humaniste pour les personnes luttant contre les troubles alimentaires. La perspective de partager ses luttes avec d’autres, même des inconnus, était une lueur d’espoir dans l’obscurité qui l’entourait. Elle décida de franchir le pas, sans même ressentir de peur, car son désir de guérison l’emportait sur tout le reste.

L’importance du groupe de psychothérapie

Rejoindre ce groupe de psychothérapie s’est avéré être un tournant décisif dans sa vie. Elle découvrit que, bien que son haut potentiel puisse la rendre unique, elle n’était pas seule dans sa lutte contre la boulimie. Les autres membres du groupe partageaient des expériences similaires, et ensemble, ils se soutenaient mutuellement sur le chemin de la guérison.

Les réunions du groupe de de psychothérapie étaient un espace sûr où elle pouvait s’exprimer librement, sans crainte de jugement. Elle commença à comprendre que la boulimie n’était pas un signe de faiblesse, mais une réaction à des émotions profondément enfouies. Le groupe lui offrit des outils pour mieux gérer ses émotions et des stratégies pour faire face aux crises alimentaires.

Combiner les thérapies avec des repères philosophiques

En parallèle, elle poursuivit ses séances individuelles de thérapie, mais cette fois avec un objectif renouvelé. Elle était plus ouverte à explorer les racines de sa personnalité et à travailler sur les aspects émotionnels de sa vie qui la poussaient vers cette addiction. Les progrès étaient lents, mais constants.

Les membres du groupe de soutien étaient des repères dans cette bataille. Ils partagèrent des ressources, étaient comme des miroirs de ce qu’elle ressentait ou pas, et décodaient au fur et à mesure de la thérapie  chaque petite victoire avec elle. L’effet miroir ne pouvait être sous-estimé.

La guérison et l’espoir renouvelé

Au fil du temps, les crises alimentaires se firent de plus en plus rares. Elle apprit à mieux gérer son haut potentiel, à canaliser son énergie intellectuelle dans des activités qui la passionnaient, tout en prenant soin de sa manière de communiquer et de celles de ses émotions qui reposaient sur des pensées qui ne correspondaient pas à sa réalité dans le  présent.

La boulimie, qui avait été son refuge pendant tant d’années, perdit son emprise sur elle. Elle avait trouvé un nouvel équilibre, non seulement dans sa relation avec la nourriture, mais aussi dans sa vie en général. La guérison était un processus continu, mais elle était sur la bonne voie puisque l’obsession de la nourriture ne la tourmentait plus du tout. Exceptionnellement elle faisait des boulimies choisies et non plus imposées par la pression pour se calmer.

Cette histoire met en lumière la complexité de la relation entre le haut potentiel et la boulimie. Le diagnostic de haut potentiel peut être à la fois un atout et un fardeau, et la pression qui l’accompagne peut malmener une personnalité hypersensible au point de trouver refuge dans l’addiction. Cependant, il est crucial de se rappeler que la guérison est possible, même pour ceux qui portent cette étiquette.

La puissance d’un groupe de psychothérapie, combiné à une surveillance médicale peut faire toute la différence. Cette personne, qui avait désespérément besoin d’échapper à la boulimie, a trouvé une nouvelle lueur d’espoir en osant la confrontation aux autres. Elle a démontré que, quel que soit votre diagnostic, il existe des moyens de surmonter les défis et de retrouver une vie épanouissante.