L’Hyperphagie : Une boulimie non vomitive ?

Certaines personnes mangent trop et tout le temps sans se faire vomir et se demandent si elles sont boulimiques. Mais hyperphagiques ou boulimiques, quelle importance si on ne vit que pour manger et que l’on ne parvient pas à se concentrer sur autre chose que la nourriture. Il s’agit bien aussi d’une addiction dans ce cas. Une addiction qui se vit différemment mais qui emprisonne dans un cercle vicieux qui peut parfois pousser certains à envisager le suicide.

La boulimie non vomitive est parfois plus dure à vivre que la boulimie vomitive bien qu’elle soit généralement moins prise au sérieux par l’entourage et le monde médical tant qu’elle ne tourne pas à l’obésité. Pourtant, chez les personnes qui en souffrent, la souffrance en réalité est double : à la souffrance mentale s’ajoute une souffrance physique difficilement supportable.

Comprendre l’hyperphagie

L’hyperphagie ou boulimie non vomitive, est un trouble de l’alimentation caractérisé par des épisodes de surconsommation alimentaire incontrôlable, accompagnés d’un sentiment de culpabilité et de honte. Contrairement à la boulimie vomitive, où les personnes se font vomir après avoir trop mangé, les personnes atteintes d’hyperphagie ne recourent pas à ces méthodes purgatives.

Les effets dévastateurs de l’hyperphagie

La boulimie non vomitive peut être extrêmement difficile à vivre, même si elle est moins visible que la boulimie vomitive. Les personnes qui en souffrent se livrent souvent à des excès alimentaires en secret, ce qui peut entraîner une prise de poids significative et des problèmes de santé tels que l’obésité, le diabète de type 2 et les maladies cardiovasculaires.

Sur le plan mental, l’hyperphagie peut avoir des conséquences dévastatrices sur l’estime de soi, la confiance en soi et la santé mentale en général. Les sentiments de honte et de culpabilité qui accompagnent ces épisodes alimentaires peuvent entraîner des cycles de dépression et d’anxiété, aggravant ainsi la souffrance des personnes touchées.

Les causes de l’hyperphagie

L’hyperphagie peut avoir des origines multiples et complexes. Les facteurs génétiques, environnementaux et psychologiques peuvent tous contribuer au développement de ce trouble de l’alimentation. Certaines personnes sont plus prédisposées à l’hyperphagie en raison de leur génétique, tandis que d’autres peuvent développer ce trouble en réaction au stress, à la pression sociale ou à des traumatismes passés.

L’Identité et l’entraînement à la relations authentique face aux autres : Clés de la Guérison

Cependant, il y a de l’espoir pour ceux qui souffrent d’hyperphagie. Comme l’explique cette jeune femme dans une vidéo témoignage, il est possible de s’en sortir définitivement. La clé de la guérison réside souvent dans la résolution des problèmes d’identité et relationnels. Les psychothérapies, notamment la thérapie cognitivo-comportementale (TCC), peuvent être particulièrement efficaces pour aider les personnes atteintes d’hyperphagie à comprendre et à gérer leurs émotions, à développer des mécanismes d’adaptation plus sains et à améliorer leur estime de soi.

Dans le cadre de la thérapie, les individus peuvent également apprendre à identifier les déclencheurs de leurs épisodes d’hyperphagie et à développer des stratégies pour les gérer de manière plus constructive. En outre, le soutien d’un groupe de pairs peut jouer un rôle essentiel dans le processus de guérison, en offrant un espace sécurisé pour partager les expériences et les défis liés à l’hyperphagie.

Elle à cru qu’elle allait mourir

Voici le texte de son témoignage :

« C’est difficile de parler de comment on était avant. Moi j’avais pris 20 kilos en un mois. Et j’ai fait tellement de crise que j’avais même mal à la peau tellement j’avais grossi vite. J’avais l’impression que j’allais mourir même physiquement à cause des crise et en arrivant au groupe j’attendais plus grand-chose de rien. Et en fait petit à petit sans même que je fasse d’efforts sans même que je prenne la parole j’ai commencé à diminuer les crises et avoir moins de souffrance même physique et psychique. On n’a même pas besoin de faire d’efforts, même en venant ça peut ça peut partir tout de suite. une fois on avait donné un exemple pendant les groupes tu avais dit il y avait une fille qui avait pas réussi à se faire vomir après une crise et qui avait sauté par la fenêtre et quand on l’avait récupéré en bas elle avait dit faites-moi vomir faites-moi vomir elle parlait même pas de ce qu’elle avait et en fait la souffrance psychique est tellement insoutenable que parfois on peut avoir envie de mourir mais, je sais pas comment dire, mais on s’en sort.

— La thérapeute : ça fait plusieurs années tu n’es plus en thérapie de groupe ?— La jeune femme : Ça fait peut-être quatre, cinq ans que j’ai arrêté.
— La thérapeute : Donc on part avec 4 on recul …
— La jeune femme : Je ne sais même pas quand est la dernière fois que j’ai fait une crise de boulimie. Je ne m’en rappelle même plus. »

L’hyperphagie est parfois une addiction aussi sévère que la boulimie, voire plus dure à vivre encore. Cependant, il est important de reconnaître que la souffrance associée à ce trouble de l’alimentation est bien réelle, même si elle est moins visible. Heureusement, il existe des moyens efficaces de traiter l’hyperphagie et de retrouver une vie équilibrée.

La résolution des problèmes d’identité et de relation est une étape cruciale vers la guérison. La psychothérapie, en particulier la TCC, peut apporter un soutien essentiel pour aider les personnes atteintes d’hyperphagie à reprendre le contrôle de leur alimentation et de leur vie. De plus, le partage d’expériences au sein d’un groupe de soutien peut renforcer la motivation et offrir un sentiment d’appartenance précieux.

Il est essentiel de sensibiliser davantage sur l’hyperphagie et de briser les stéréotypes qui l’entourent. La compassion, la compréhension et le soutien de la part de la famille, des amis et du monde médical sont cruciaux pour aider les personnes touchées à surmonter ce trouble et à trouver la lumière au bout du tunnel.

En fin de compte, l’hyperphagie peut être une addiction tout aussi dévastatrice que la boulimie, voire plus difficile à vivre. Cependant, il est important de reconnaître que la souffrance qu’elle engendre est bien réelle, même si elle reste souvent méconnue et minimisée. Cependant, il est important de reconnaître que la souffrance qu’elle engendre est bien réelle, même si elle reste souvent méconnue et minimisée.

Heureusement, comme en témoigne l’expérience de cette jeune femme dans sa vidéo de témoignage, il est possible de surmonter l’hyperphagie. La clé de la guérison réside souvent dans la résolution des problèmes d’identité et des difficultés relationnelles. La psychothérapie, notamment la thérapie cognitivo-comportementale, peut jouer un rôle majeur dans ce processus, en aidant les individus à comprendre et à gérer leurs émotions, à développer des mécanismes d’adaptation plus sains et à renforcer leur estime de soi.

Dans le cadre de la thérapie, les personnes atteintes d’hyperphagie peuvent également apprendre à identifier les déclencheurs de leurs épisodes de surconsommation alimentaire et à élaborer des stratégies pour les surmonter de manière constructive. De plus, le soutien d’un groupe de pairs peut être extrêmement bénéfique, en fournissant un espace sûr pour partager des expériences et des défis liés à l’hyperphagie.

Il est essentiel de sensibiliser davantage sur l’hyperphagie et de reconnaître qu’elle peut être aussi grave que d’autres troubles de l’alimentation. La compréhension, la compassion et le soutien de la part de la famille, des amis et du personnel médical sont cruciaux pour aider les personnes touchées à trouver le chemin de la guérison et à reprendre le contrôle de leur vie. Il est possible de sortir de l’ombre de l’hyperphagie et de vivre une vie épanouissante.

La boulimie non vomitive n’était jusqu’à présent pas prise au sérieux quand les personnes n’étaient pas obèses. D’ailleurs les personnes boulimiques non vomitives elles-mêmes se demandent s’il est légitime pour elles de consulter un psy dans la mesure où elles ne se font pas vomir. Comme si tout n’était pas si grave lorsque l’on ne se fait pas vomir.

Pourtant, la détresse psychologique équivalente, voire plus grande pour ceux qui ont une boulimie non vomitive. L’obsession permanente de la nourriture est insoutenable. Et, en plus de l’obsession permanente de la nourriture, il y a aussi les efforts surhumains nécessaires pour perdre tous les kilos amassés parfois en très peu de temps. Certaines personnes vont jusqu’à prendre 30 kilos en un mois. Dans le reportage « Boulimie et Thérapie » (que vous pouvez trouver parmi les vidéos de ce site), une jeune femme expliquait que, régulièrement, elle prenait trente kilos et les reperdait peu de temps après. Mais non sans une immense souffrance et beaucoup de honte quand elle était au maximum de son poids.

En dehors de la souffrance mentale qui peut parfois conduire au suicide, la souffrance physique d’avoir beaucoup trop mangé n’est pas négligeable non plus. Certaines personnes me disent qu’elles sentent leur ventre au bord de l’explosion après manger. La jeune femme du documentaire explique que parfois elle devait se mettre à genoux devant son lit, le ventre contre le matelas pour diminuer les douleurs, incapable de se coucher, ni même de s’asseoir.

Je me souviens également d’une jeune fille qui venait de faire une grosse boulimie dans sa chambre et qui cette fois-là, n’a pas réussi à se faire vomir. Elle ne voulait pas que ses parents sachent qu’elle avait fait une boulimie. Quand ils ont frappé à sa porte, elle n’a pas voulu ouvrir. Elle était toute jeune et elle avait peur que son père la frappe. À travers la porte elle disait à son père « tu vas me taper ! tu vas me taper ! ». Son père finit par forcer la porte. Alors, dans l’affolement, elle a ouvert la fenêtre et elle a sauté du troisième étage. Ses parents sont descendus en courant. Elle était allongée sur le dos et ne bougeait pas. Sa mère pleurait en disant : « elle est morte elle est morte !». Mais elle n’était pas morte. Elle était allongée sur son dos sans pouvoir se relever à cause d’une ou deux côtes fêlées. Elle regarda ses parents et demanda en suppliant, comme si c’était la seule chose qui comptait : « s’il vous plaît faites-moi vomir faites-moi vomir ».

Il arrive aussi que des jeunes femmes feignent une tentative de suicide aux médicaments pour avoir un lavage d’estomac à l’hôpital. Je me souviens d’une jeune femme qui était boulimique non vomitive et qui, un jour, a eu un très grave accident de moto. Elle est restée à l’hôpital pendant très longtemps sous perfusion sans pouvoir ne manger ni même boire ou bouger. Lorsqu’elle est venue me voir en consultation, elle m’a fait une confidence qui m’a interloquée. Malgré l’une de ses jambes raccourcies par l’accident, malgré son visage marqué par une cicatrice et surtout malgré le fait qu’elle ait également perdu un œil dans cet accident, elle était très heureuse d’avoir enfin une silhouette mince. Elle me confia que la période après hôpital, malgré toutes les séquelles de son accident était la plus belle période de sa vie.
En lisant ces lignes vous allez peut-être penser qu’elle était folle. Mais pas du tout. Elle était journaliste, très appréciée dans son métier. Son caractère était doux et modéré. Bien sûr le fait qu’elle dise qu’elle était très heureuse à cette période-là malgré une jambe plus courte et un œil en moins peut surprendre. Mais n’avons-nous pas tous parfois des propos et des comportements qui, en apparence, ne font pas sens pour les autres ? N’avons-nous pas tous tendance à nous attacher à des symboles auxquels nous accordons une importance démesurée, voire vitale et qui aux yeux des autres semblent totalement sans importance.
Je terminerai cette introduction par une pensée pour toutes les jeunes femmes non vomitives que j’ai reçues, et qui après les crises de boulimies, le ventre plein à craquer, se forçaient à faire du sport intensif, le ventre plein à craquer, pour tenter de limiter leur prise de poids.
À se demander si la boulimie non vomitive n’est moralement pas plus douloureuse encore que la boulimie vomitive.