Groupe de parole TCA

Les groupes de parole boulimie, issus des groupes de parole en général, sont souvent utilisés dans le traitement de l’addiction alimentaire.

 

 

 

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Les groupes de parole de J. L. Moreno

 

Le troisième psy très connu pour ses groupes de parole est Moreno. Il a créé une technique de psychothérapie humaniste en groupe qu’il a appelée psychodrame. La psychothérapie humaniste que propose Moreno est appelée psychodrame parce que les participants sont invités à mettre leurs propos en situation théâtrale. On ne parle pas par exemple de sa mère, on la joue sur scène et on choisit quelqu’un dans le groupe pour jouer notre propre rôle. Ou bien l’inverse. Tout est mis en action. C’est à la fois ludique, distrayant et très riche en indications pour parvenir à une réactualisation de la relation à soi, aux autres, au monde : elle a comme fonction essentiellement de clarifier par l’action les difficultés de chacun. On travaille les situations (passées, présentes ou anticipées), en les mettant en scène, et les traversant, ce qui permet de "défiger" la personne que l’on croit être en enrichissant le discours par l’action, et de casser les postures dysfontionnelles tout en en amenant de la spontanéité et de la créativité. Cette approche fait disparaître les symptômes mais elle permet aussi une traversée thérapeutique en profondeur. Moreno évoquait le "working through" (en français:  « travail à travers"), qui permettait des changements non seulement sur les symptômes mais aussi sur toute la personne dans son rapport aux autres et à elle-même.  Basée sur un dialogue intérieur/extérieur, jouer sa vie sous forme de scénettes théâtrales se révéle un élément essentiel de prises de conscience  psychologiques et permet l’implémentation de nouvelles bases au service d’un épanouissement de la personne. Là aussi cette approche peut être largement utilisée dans les groupes de parole boulimie.

Aujourd’hui aux États Unis, les pratiques en groupe de parole s’inspirent toujours de ces trois méthodes, sans oublier, en arrière plan, tout ce que la psychanalyse a permis de comprendre sur l’humain, ni toutes les avancées introduites par Milton Erickson avec sa pratique de l’hypnose non directive et tenant compte des processus neuro-physiologiques. Ces pratiques se disent « intégratives » dans la mesure où leur approche hérite de ces quatre brillants prédécesseurs. De sorte que l’on trouve actuellement aux Etats Unis des groupes de parole un peu partout, aussi bien dans le privé que dans les centre hospitaliers et universitaires.

 

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Les groupes de parole en France

 

Étonnamment, la France n’a pas suivi. Certains hôpitaux en Europe utilisent les groupes de parole, en particulier pour les personnes ayant une personnalité atypique, en plus des soins médicaux et d’un suivi psychologique de soutien. Mais dans ces groupes, les participants sont regardés comme des patients avant d’être des personnes. Les groupes ont pour fonction de libérer la parole, ce qui est plutôt une bonne chose. Mais les groupe de parole boulimie sont souvent animés par des infirmières ou des nutritionnistes. Ils permettent aux participants de se défouler, mais sans avancer réellement. De plus, les séances n’ont lieu qu’une fois par semaine et ne durent en moyenne que deux heures au maximum. Ce qui ne permet pas de s’immerger suffisamment pour parvenir à  se remettre en question. Chacun parle quand il veut, dit ce qu’il veut. La parole se libère mais cela ne suffit pas pour libérer la personne de son addiction ni résoudre ses problèmes d’identité et relationnels.

 

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Comment je me suis intéressée aux groupes de parole boulimie

 

Quand j’ai commencé mon activité je savais qu’il fallait utiliser les groupes de parole pour accompagner des personnes boulimiques. J’avais moi-même souffert de cette addiction sans drogue. Gorgée de honte, du sentiment d’être nulle, moins bien que les autres, persuadée que chaque personne était pour moi un agresseur potentiel, je trouvais la vie moche et sans intérêt. Tout en me sentant très gênée de faire le tour des boulangeries et traiteurs de mon quartier avec l’argent que je prenais dans le sac de ma mère et de ma grand-mère, j’avais conscience d’être très malheureuse et anormale par rapport aux gens qui m’entouraient. Mon addiction à la nourriture me pourrissait la vie. Mais c’est surtout l’envie de comprendre pourquoi j’étais si mal dans ma peau, si mal parmi les autres, qui m’a donné envie de consulter un psychanalyste à l’âge de vingt ans et parallèlement de faire des études de philosophie.

La philosophie, la lecture des textes de Freud, ma psychanalyse, m’ont permis de me sentir un peu mieux. Mais le problème non résolu de la nourriture, mon mal-être, le sentiment d’être encore inadaptée à mon environnement, m’ont habitée encore pendant plusieurs années  jusqu’à ce que, par hasard, au cours de mes études ultérieures en sciences de l’éduction, je découvre les groupes d’expression libre en psycho-sociologie.

Dans ces groupes j’ai pu me confronter aux autres. C’était très douloureux, mais je me suis aperçue que je n’étais pas aussi moche que je croyais aux yeux des autres. J’ai appris à m’exprimer sans filtre et à écouter aussi ce que les autres avaient à dire d’eux-même et de moi. Un jour l’occasion m’a été donnée de jouer une situation de ma vie qui m’obsédait et me faisait beaucoup souffrir. J’étais moi, sur une chaise, et je jouais l’autre personne qui me manquait, sur l’autre chaise. Ce jeu de rôle a eu un effet magique. Se mettre en scène face aux autres a été très difficile et extrêmement fatiguant mais m’a libérée de mon obsession.

Ce n’était pas de la psychothérapie, c’était juste un groupe de parole expérimental à visée sociologique. Mais j’étais extrêmement épatée par ce que pouvait apporter un groupe quand on a des problèmes à traiter. Comme j’avais un diplôme de psychologue clinicienne, je décidai, à partir de cette expérience, d’animer de tels groupes de parole boulimie pour des personnes souffrant d’addiction alimentaire, tout en participant moi-même à des groupes aux Etats Unis pour parfaire mon évolution.

 

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Les groupes de parole intensifs pour des personnes qui font de la boulimie anorexique ou hyperphagique

 

J’anime des groupes de parole boulimie depuis trente-cinq ans. Les participants sont en général très satisfaits de s’ouvrir aux autres pour construire leur identité et pour apprendre à contourner leurs difficultés relationnelles quand l’affectif est en jeu.

On peut voir sur ma chaîne youtube beaucoup de témoignages de personnes boulimiques anorexiques qui ont participé à ces groupes de parole boulimie et qui sont aussi contents de faire ce travail que je l’ai été moi-même quand j’ai découvert les groupes de parole.

Et au moment où je rédige cette page, je pense au message que j’ai reçu ce matin sur mon téléphone et qui est  tellement semblable à ce que les gens m’écrivent en général quand ils me contactent :

« Je viens de passer de longues heures à consulter les différentes ressources de votre site, avec beaucoup d’émotion à chaque fois.  Je me suis retrouvée dans beaucoup de témoignages alors qu’au quotidien je me sens plutôt très seule…

J’en ai parlé récemment à mes proches qui m’apportent beaucoup de soutien et qui regardent également vos vidéos. Ça leur permet de comprendre ce que je n’arrive pas à verbaliser.

Je redoute un peu les groupes de parole boulimie car se lancer, devant et avec les autres, n’est pas un exercice très facile pour moi, je ne me sens pas toujours très légitime. Au fond j’ai tout pour aller bien (comme certains le disent) et j’ai l’impression de ne pas savoir qui je suis. Mais je sens que j’ai très envie d’essayer et que ça peut m’apporter vraiment de nouvelles et belles perspectives. Pensez-vous qu’il serait possible de vous rejoindre ? »

 

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Les groupes de parole destinés à tous pour s’entraîner à être authentiquement soi sans être intrusif avec les autres.

 

Les groupes de parole boulimie ne sont pas réservés aux personnalités qui souffrent beaucoup. D’ailleurs j’en anime aussi pour des non boulimiques. Ils permettent d’acquérir des compétences relationnelles, en communiquant avec authenticité. C’est un exercice qui apprend beaucoup sur soi et sur les autres et qui permet enfin d’acquérir de l’estime de soi. Il n’y a pas que les boulimiques qui en manquent !